Drame - Désastreuse est la situation de beaucoup d'enfants. Bien que protégé par des textes de loi, l'enfant algérien reste fortement exposé à des fléaux sociaux. Les chiffres disponibles sont effrayants. Selon les données fournies par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et la recherche (Forem), il y a environ 1,3 million d'enfants qui sont exploités dans le marché parallèle du travail. Quelque 300 000 exercent dans le commerce. Le professeur Mostefa Khiati, président de la Forem, affirme que «ces données sont le résultat de recoupements». Il se réfère, entre autres, à une étude effectuée en 2006 par la Forem, un travail de recherche réalisé par l'UGTA et des statistiques fournies par une ONG belge. L'étude de la Forem a montré en outre que plus de la moitié des enfants (53 %) travaillent pour aider financièrement leurs familles et trois quarts (75 %) d'entre eux affirment avoir toujours donné l'argent à leurs parents. Près de 60 % des enfants ont bien arrêté l'école au primaire, la moitié d'entre eux soulignent avoir quitté les bancs de l'école de leur plein gré. Bien qu'ancienne, cette étude, comme le souligne le président de la Forem, est toujours d'actualité, «car elle lève le voile sur ce phénomène de l'exploitation des enfants sur le marché du travail». Cette étude a dressé une longue liste de «métiers» auxquels s'adonnent les enfants sur les routes, comme vendre du pain et du tabac. Certains travaillent dans des foyers huppés comme serviteurs, d'autres sont employés dans le secteur agricole. Le professeur Khiati stigmatise les parents qui, pour lui, «poussent leurs enfants à aller travailler». Selon lui, la déperdition n'explique pas tout. Des millions d'enfants se voient «contraints» de travailler durant les vacances que ce soit pour aider leurs parents dans les champs ou pour vendre de la galette. Il plaide ainsi pour «la pénalisation des parents». Outre le travail, l'enfant est exposé à un autre mal, le kidnapping qui devient inquiétant. Plus de 2 000 enfants auraient été kidnappés en Algérie, un chiffre qui semble être en deçà de la réalité. On se souvient encore de Yacine, Chahinez, Walid, Ameur, Sahar tous retrouvés morts après leur disparition du foyer familial. Aussi, plusieurs enfants ont souffert ces dernières années de violence sexuelle. Selon les statistiques de la Gendarmerie nationale, 179 mineurs ont subi l'acte de violence sexuelle, durant le premier trimestre de l'année dernière. Une telle situation interpelle tous les défenseurs des droits de l'enfant qui réclament plus de protection de cette frange vulnérable de la société. L'Algérie, faut-il le souligner, est pourvue d'instruments juridiques réprimant toutes sortes d'abus sur les enfants. Elle a ratifié les principales conventions internationales relatives à l'enfance, notamment celle relative à l'âge minimum au travail, du 30 avril 1984, celle relative aux droits de l'enfant, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies, le 20 novembre 1989. Elle a également ratifié, le 28 novembre 2000, la convention internationale relative à l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination.