Barbarie - «Dans certaines maisons, du sang était visible sur les murs et le sol. Il y avait encore du feu à l'extérieur de certains bâtiments et dans l'air flottait une forte odeur de chair brûlée». C'est ce qu'indique le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky, se référant au récit des observateurs de l'ONU, qui ont effectué une visite hier sur les lieux du massacre. Jeudi, les observateurs avaient été pris pour cible lorsqu'ils avaient tenté de gagner Al-Koubeir, qui se trouve dans la province de Hama, au centre de la Syrie. Le village était vidé de ses habitants lors de la visite des observateurs, ils n'ont donc pu parler à aucun témoin du massacre. Selon Martin Nesirky, des habitants d'un village voisin sont allés à la rencontre des observateurs et «leur ont raconté ce qu'ils ont entendu et parlé des proches qu'ils ont perdus». Un journaliste de la BBC accompagnant le convoi de l'ONU, a raconté sur Twitter y avoir vu deux habitations ravagées par le feu, sans aucun signe de vie. «Il y a beaucoup de sang dans l'une des pièces et des morceaux de chair sont visibles parmi les affaires éparpillées. Même le bétail a été tué et les carcasses pourrissent au soleil», a-t-il dit. Des militants ont aussi assuré à ce journaliste que les dépouilles avaient été évacuées par les forces régulières jeudi, au moment où, selon l'ONU, des barrages de l'armée et des «tirs à l'arme légère» empêchaient les observateurs de parvenir au village. «Les circonstances entourant cette attaque sont toujours peu claires. L'identité et le nombre de personnes tuées ne sont toujours pas confirmés. Les observateurs continuent à travailler pour vérifier certains faits», a souligné M. Nesirky. Mercredi, 55 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées à Al-Koubeir, un hameau de la province de Hama (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui, avec l'opposition syrienne, a imputé ce massacre aux «chabbihas», les milices pro-régime. Mais les autorités de Damas ont démenti qu'un tel massacre ait eu lieu, affirmant qu'il y avait seulement neuf victimes, tuées par des «groupes terroristes». Avant Al-Koubeir, 108 personnes avaient été massacrées le 25 mai à Houla (centre). Les autorités avaient aussi nié toute implication. Dans la nuit d'hier, vendredi, au moins 12 personnes, dont 8 femmes, ont été tuées par des tirs de l'armée qui ont visé un quartier résidentiel de Deraa (sud), selon l'OSDH. Auparavant, les combats entre soldats et rebelles qui se sont intensifiés dans la capitale, avaient fait 26 morts hier à travers le pays, en majorité des civils, selon l'OSDH. Dans le même temps, des milliers de Syriens ont manifesté à travers le pays contre M. Assad, tout en exprimant leur exaspération à l'égard de la communauté internationale, impuissante à faire cesser les violences qui ensanglantent le pays depuis le début de la révolte en mars 2011. - Face à l'escalade, Washington, Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité incluant une menace de sanctions contre le régime, selon des diplomates. Mais cette résolution risque fortement d'être bloquée comme dans le passé par Pékin et Moscou, alliés de M. Assad. «Il y aura une initiative dans les jours prochains pour parvenir à un vote qui inclurait (...) des sanctions», a dit un diplomate. «Nous espérons que les Russes ne s' y opposeront pas et les Chinois sont assez ouverts», a estimé un autre. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions unilatérales à Damas. Dans ce contexte, l'émissaire international, Kofi Annan, a répété sa demande d'accroître la pression sur le gouvernement syrien pour que son plan de paix soit mis en œuvre, à l'occasion d'une rencontre avec la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à Washington.