35 milliards de centimes ! C'est la somme dépensée par un club algérois pour recruter les footballeurs les plus en vue, les plus cotés à la bourse sportive qui s'emballe à chaque saison. Il faut noter au passage que cette somme représente le budget annuel de quatre clubs de la même division. A l'évidence, avec un recrutement pareil, le club en question ne peut que triompher de tous ses adversaires. Cependant, nous ne manquerons pas de faire remarquer qu'il y a une immense confusion entre professionnalisme et libéralisme, notamment depuis que ce mode de fonctionnement du football est en cours, voilà déjà une année. A tel point que les patrons de clubs ont revendiqué fermement la fameuse subvention étatique de 10 milliards de centimes pour procéder à des recrutements très onéreux de stars du foot en provenance des pays africains. Alors que cet argent est exclusivement destiné à la formation et aux petites catégories. Mais comment exiger du football un fonctionnement réglementaire quand toute la société subit de plein fouet les pires paradoxes : on importe massivement des produits largement disponibles en Algérie. Du concentré de tomates à la viande, en passant par toutes sortes de laitage et même la friperie, toutes ces choses n'ont pas besoin d'être importées, au risque de déséquilibrer la balance commerciale exclusivement tributaire des hydrocarbures. Le football, en tant que manifestation sociale et expression culturelle, ne peut donc qu'être le reflet de la société : nous importons des entraîneurs et des joueurs alors que les nôtres sont disponibles, ne coûtent pas cher et ont autant sinon plus de talent que ces coopérants royalement payés. Résultat : notre économie nationale tarde à décoller par la grâce des tenants des containers et notre football aussi à cause des importateurs de joueurs et de techniciens et ce, au mépris total du produit local. Il s'agit juste de remplacer «concentré de tomates» par «entraîneur concentré». C'est du pareil au même. D'ailleurs, si on importe de la viande pour le ramadan, on importe aussi du muscle pour le football. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.