Les épreuves du baccalauréat ayant pris fin, place maintenant à l'incertitude des résultats, et pour les heureux lauréats la joie sera de courte durée. D'abord parce qu'ils seront confrontés à l'insoutenable choix des filières très souvent imposées, laissant en rade des vocations et incitant des étudiants à l'apprentissage de cursus très loin de leurs souhaits. D'où la démobilisation et le pointage automatique aux cours, juste pour décrocher un diplôme. Les experts et autres analystes sont tous unanimes à diagnostiquer une immense déshérence de l'université réduite à produire des charretées entières de chômeurs, alors que son rôle est de fournir l'élite qui doit diriger les secteurs stratégiques du pays. A ce sujet, le constat est sans appel : les nouveaux bacheliers arrivent aux facultés avec de lourds handicaps notamment en langue dans la mesure où ils ne sont pas préparés sérieusement à étudier dans des filières qui ont «échappé» à l'arabisation à la hussarde. Sans parler de leur scolarité qui souffre chaque année d'énormes retards. Pour ce qui est de l'université proprement dite, celle-ci a perdu sa vocation de carrefour du savoir universel – comme son nom l'indique – pour devenir, au fil des ans, le lieudit de confrontations idéologiques par organisations estudiantines interposées qui émargent toutes aux chapelles politiques. En outre, la société a déteint dans ses aspects les plus négatifs sur l'université et les passe-droits ainsi que la corruption et l'usage de faux ont gangrené un secteur supposé être à l'abri de ces dérives. On évente régulièrement de scabreuses affaires de faux diplômes, d'étudiants faussaires et de délivrance fantaisiste de diplômes, sans parler du reste, tout le reste, c'est-à-dire cette mainmise de l'administration sur des compétences avérées depuis que l'université est tombée entre les mains des ronds de cuir alors qu'elle est naturellement dévolue à l'intelligence. A ces éminences, ces sommités qui ont fini par rentrer dans les rangs en émargeant à un travail routinier. A cela s'ajoute une ambiance des plus délétères et l'on s'ennuie ferme dans cet endroit censé être le lieudit de l'insouciance et de la joie de vivre. Les plus belles années, les années de fac, deviennent une corvée. Un passage obligé vers la vie professionnelle. Si vie professionnelle il y a. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.