Performance n ‘Grafika' est l'intitulé d'une exposition qui se tient à l'institut Cervantès et qui est ouverte au public jusqu'au 14 septembre. Cette exposition réunit au sein d'un même espace une trentaine d'artistes espagnols issus de la jeune génération, à savoir nés au milieu des années soixante-dix, tous versés dans le style contemporain. L'originalité de cette exposition réside dans la manière dont l'art est perçu et appréhendé. La contemporanéité dans laquelle ces plasticiens s'illustrent, puise son expressivité dans l'art urbain. Ainsi, l'imaginaire des artistes qui se révèle abondant et au caractère extraverti a pour ancrage un espace urbain. Les tableaux réalisés dans différentes techniques de peintures et de photographie (sur toile, à l'acrylique sur papier, en papier couleur superposé, au crayon de couleur, au fusain ou encore par impression numérique sur papier), sont la représentation de la réalité mais suivant un onirisme spectaculaire. Il s'agit d'une illustration du vécu rattaché aux us urbains, sachant que toutes ces créations sont réalisées par des adeptes de l'art urbain. Autrement dit, la cité offre des sujets divers, aussi bien pertinents que passionnants. La vie urbaine devient avec tout ce qu'elle renferme l'objet de création pour ces jeunes. L'espace urbain n'est pas reproduit tel que l'œil le perçoit et l'assimile, mais il est déstructuré, puis recomposé afin de construire une représentation nouvelle. La spatialité est alors autrement perçue. L'image de la ville élaborée à la fois par la pensée et la sensibilité des plasticiens n'est pas celle à laquelle notre regard est habitué. Il est cependant question d'un amalgame d'impressions ou d'association d'images, toutes revêtant une apparence surréaliste. La réalité est alors transformée, gardant néanmoins sa tournure originelle. En d'autres termes, elle est dépouillée de tout élément vain, léger, oiseux ou illusoire. Il ne s'agit toutefois pas d'une illusion oisive et sans intérêt. L'espace urbain s'avère par la manière dont il est exposé, un rêve, une vision onirique. Cet onirisme nous fait interroger sur les motivations des artistes, à savoir chercher à comprendre le choix de leur style. Le travail de ces derniers qui transporte notre regard au cœur de la vie urbaine, se révèle être un regard critique porté sévèrement sur la société de consommation. Cette dernière est effectivement mise à l'index. Les tableaux constituent un réquisitoire d'une société individualiste, soucieuse de son bien-être matériel. Au-delà de la thématique, donc du contenu des tableaux, le travail des plasticiens se veut d'emblée une performance artistique. Parce qu'il véhicule de nouveaux langages et moyens d'expression, tout comme il est l'expression d'une esthétique à part entière. Yacine Idjer