Portrait Très jeune, Dokman Amor Driss se livrait au dessin pour venir plus tard à la peinture ; très jeune, il s?initiait à l?art, à l?expression plastique. Son premier dessin était un ?il, un regard. Et il semble que le regard, attirant et dégageant un magnétisme singulier, est considéré comme un signe visuel énigmatique, empli de secrets et de charges émotionnelles ; il exerce sur Dokman Amor Driss une fascination telle qu?il a consacré une série de tableaux au regard, un thème qu?il développe d?une peinture à l?autre. En effet, l?exposition qui se tient à l?hôtel Sofitel, intitulée «Regards multiples», offre à l?observateur un choix éclectique de peintures de petit format, chacune représentant un ?il, un regard. A première vue et de loin, les peintures s?avèrent identiques, mais en s?en approchant et en les détaillant séparément, l?on se rend compte qu?elles sont différentes, même si elles présentent des points communes. Le tout présente des regards multiples, regard dans le regard, l?un croise l?autre, dépasse l?autre, ou bien encore se fond dans l?autre ; regard seul, ou encore regard duo ; regard qui regarde ou bien est regardé ; regard qui épie, scrute, explore ; regard parlant, discret, secret, perdu? Une multitude d?expressions se révèle à nous. Plusieurs comportements illustrés, rythment l?espace où se tient chacun de ces regards qui nous attirent vers eux, prennent de l?ascendant sur nous, afin de les regarder pour ensuite les interroger. Chaque regard est considéré dans une perception individualiste, spécifique à une situation donnée, autonome. Il y a ce souci de l?artiste de vouloir inviter le visiteur à approcher tous ces regards pour les questionner. Ces regards multiples sont disposés çà et là, les uns à côté des autres, les uns au-dessus des autres ; ils se livrent conjointement une sorte de jeu d?identification, de séduction ; ils communiquent uniquement par la rétine, un signe visuel suggestif, qui sollicite. Mille interprétations se formulent, et c?est notre imagination relevant du sensible qui les soupçonne, les entrevoit pour les dire dans la beauté du langage. Le tableau se définit comme un espace, un papier-écran sur lequel est projeté un regard, un lieu où est exprimé un sentiment ; et ce regard, exposé à la vue de l?observateur, offert en spectacle, semble n?être que le reflet de notre âme, de notre existence affective, dévoilant nos attitudes et notre psychologie. Chaque partie comportant un ?il, et celui-ci, probant, extraverti, exubérant et même attirant, est chargé d?une psychologie anonyme mais à laquelle chacun peut s?identifier, et véhicule une profonde sensibilité à travers laquelle nous nous reconnaissons. Ces regards se présentent dans une expression régularisée par une harmonie propre à l?artiste, de la même manière qu?un miroir dans lequel défile notre pensée ou «vie intérieure», ce moi profond qui nous habite, qui ponctue notre comportement et fait de nous des individus dotés d?une sensibilité en mesure d?établir un équilibre entre l?intellect et l?affectif. Pour finir le plasticien, dont la palette varie d'une ?uvre à une autre, envisage de présenter une nouvelle collection le 15 janvier 2005, en collaboration avec le peintre Larbi Arezki, sur le thème de l'arbre. Entre-temps, il exposera, au club Tahar-Haddad de Tunis, une série d??uvres sur le tatouage.