Connu pour son style sombre, triste, voire lugubre, l'artiste peintre Aghilès Issiakhem expose depuis le 12 novembre 2011 à la galerie Art For You, à Alger. Intitulée “Expression libre”, cette exposition est visible jusqu'au 3 décembre prochain. Ne dérogeant pas à sa réputation, ce jeune plasticien propose au regard averti vingt-cinq toiles aux dimensions et aux supports différents (toile, papier journal, magazine, kraft, carton…). Le trait précis, anguleux, Aghilès Issiakhem explore dans son travail différents thèmes relatifs à la société, particulièrement certains fléaux. Dans Drogue, c'est un visage, ou plutôt le reste d'un visage ravagé, émacié, creusé par les méfaits de la consommation des stupéfiants. Dans Dépression, c'est un être complètement désarticulé, le regard vide, presque hagard, levé vers le ciel, qui est représenté. D'autres tableaux, sans titre ceux-là, expriment la douleur et la tristesse. Ces sentiments sont accentués avec le choix des couleurs (gris, bleu, noir, marron) qui sont, en quelque sorte, révélateurs de l'état d'âme et d'esprit de l'artiste. Recourant à différentes techniques, à savoir l'acrylique, le charbon, le fusain, l'encre de Chine, le crayon…, le jeune Issiakhem se diversifie sans se perdre. Fusionnant différents styles, il tente des incursions fort réussies dans le portrait, l'expressionnisme et l'abstrait. Dans ce dernier, il donne libre cours à son imagination, laissant son pinceau ou son crayon (tout dépend de la technique qu'il veut utiliser) glisser sur le support, dans un flou artistique titillant les sentiments. Il transpose ainsi une part de son âme, dévoilant, d'une part, un talent, et un certain génie créatif d'autre part. Tel un album de photos ou un livre, les œuvres racontent une histoire ; celle d'un jeune homme passionnée par les arts plastiques, plus précisément la peinture. Quant aux portraits, ils donnent l'impression d'exagération dans l'exécution. Que nenni. Ce n'est, a fortiori, que la vision de l'artiste qui est représentée. Une vision négative pour déclencher le positif. Même si les œuvres appartiennent au domaine de la tristesse, le regard averti décèle une sincérité et une beauté certaines dans l'exécution de l'œuvre. Malgré les sentiments de désavantage, d'impuissance et de rage, on constate que l'artiste est sincère dans son travail. Chaque toile révèle une souffrance. Celle d'Aghilès. Une souffrance qu'il partage avec le visiteur, sans quémander compassion ou soutien, mais juste une prise de conscience de ce qui nous entoure. Amine IDJER