Les mots désignant le pauvre et le riche n'ont pas changé depuis des générations : le premier, c'est le guelil, le second, le merkanti. Guelil, c?est connu, vient de l'arabe qalil «petite quantité», avec le «g» caractéristique des dialectes algériens, autrement dit, le pauvre, c?est «celui qui a peu», peu d'argent, peu de nourriture, peu de vêtements, peu de tout. Merkanti, lui, est emprunté aux langues romanes, plus précisément l?italien mercanti, pluriel de mercante (marchand). Le français a emprunté le mot à l'arabe dialectal, au milieu du XIXe siècle, avec le sens de «marchand» dans un bazar et commerçant accompagnant une armée. ll est vrai qu'on employait depuis longtemps mercantile dans le sens de «commercial», mais pas mercanti, bien parti de chez nous ! On emploie également pour «pauvre» zawali, avec emphase du «z». Le mot est employé également en berbère, azawali, mais dans cette langue, on préfère amellazu, littéralement «qui a faim» avec, parfois, le sens «d'avare», celui-ci se définissant aussi comme celui qui ne donne pas à manger aux autres, qui les affame ! Le riche, c'est encore lburjwazi : on aura reconnu le français «bourgeois». C'est le riche, mais pas spécialement celui qui possède une grosse fortune : iburjwazi, c'est aussi celui qui vit à l?aise, qui a des revenus suffisants, qui possède une maison, une belle voiture. Et, dans ce sens, le mot a parfois le sens d?arriviste, aux goûts parfois douteux. Comme en français, on emploie parfois le féminin, Iburjwazia, au sens de «femme, épouse». Et là, on n'a pas besoin d'être riche pour traiter sa femme de bourgeoise !