Anomalie n Trois quarts des peaux sont frauduleusement exportées, vers l'Europe notamment. Cela au moment où les industriels spécialisés dans la filière cuir déplorent un problème d'approvisionnement dans les abattoirs. «Pour ne citer que l'année 2006, les chiffres avancés par la mission économique établie en Algérie font état de quelque 6 millions d'euros d'exportation vers l'Italie. Or, officiellement, on ne parle que de 200 000 euros comme rentrées», a affirmé, ce matin, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir affiliée à l'Ugta. Amar Takjout, qui intervenait sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, s'interroge : «Où est donc passée la différence du montant ?». Il a souligné en outre que «ces mêmes exportateurs, qui contournent la loi de finances 2009 interdisant l'exportation de la peau brute, le font avec le semi-fini». «Il est temps que l'Etat intervienne. C'est l'informel qui est encouragé par ces pratiques sachant que ces peaux sont vendues sans facturation. A ce titre, si des mesures ne sont pas prises en urgence afin d'interdire cette exportation anarchique, je dirai qu'il y a des complicités autour de cette filière et ce, à tous les niveaux», a-t-il déploré. Dans le même contexte, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir a estimé que «l'heure est, sans nul doute, venue pour que la filière cuir soit considérée à sa juste valeur». «L'Etat n'a jamais vraiment affiché son intérêt pour cette filière, laquelle peut, pourtant, générer les mêmes apports financiers que le pétrole et le gaz. Et là, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond puisque l'on ne cesse d'afficher cette indifférence à l'encontre d'un secteur aussi porteur», a-t-il insisté. Amar Takjout n'a pas omis de noter, par ailleurs, que le traitement des peaux se fait d'une manière clandestine polluant ainsi l'environnement». Il a, dans cette optique, interpellé les pouvoirs publics d'intervenir afin «de mettre un terme à une situation qui n'a que trop duré, au lieu de signifier à chaque fois aux entreprises publiques qu'elles ne sont pas dans les normes». S'agissant du plan de restructuration du secteur textile engagé, pour rappel, depuis mars 2011, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir a estimé que la mise en œuvre de ce plan a accusé un grand retard. «Le plan est engagé depuis une année et demie déjà. Jusqu'au jour d'aujourd'hui, aucun bilan n'a été dressé. Il faut faire le point et ainsi situer les manquements et les lenteurs dans le souci d'y remédier», a conclu Amar Takjout assurant que beaucoup de choses techniques ont été faites dans ce cadre. Farid Houali