Le premier jour du mois sacré sur l'autoroute Est-Ouest, un terrible accident a bloqué toute la circulation. Des gendarmes, des pompiers et des badauds. Spectacle quotidien sur nos routes devenues parmi les plus meurtrières du monde. Les enquêtes révèlent que plusieurs facteurs sont en cause. L'excès de vitesse, le non-respect du code de la route, le téléphone portable, la fatigue et voilà encore les effets du jeûne qui sont évoqués... Ces raisons sont aussi valables sous d'autres cieux mais ne génèrent pas autant de drames. Autant dire qu'il existe une spécificité algérienne de la conduite. Les sociologues ont une explication toute prête : les Algériens conduisent mal parce qu'ils se conduisent mal dans la vie quotidienne et on prend volontiers sa voiture comme on marche, comme on vit avec cet incivisme devenu une seconde nature, visible dans les queues à la poste ou à n'importe quel guichet où le dernier venu vous brûle volontiers la politesse sous prétexte qu'il est pressé. Lorsqu'on circule à pied, les trottoirs sont encombrés de marchandises ou occupés par des bandes de jeunes qui ne vous céderont jamais le passage. C'est dans cet esprit qu'on conduit, refusant la priorité, doublant de longues files de voitures et provoquant ainsi l'irréparable. Parce qu'au volant, on se croit prémuni du danger dans la mesure où on surestime ses capacités, a fortiori quand on possède une grosse cylindrée. Résultat des courses, de la course endiablée, un nombre de victimes qui augmente de bilan en bilan. Il y a donc manifestement une énorme difficulté à vivre ensemble et cette convivialité, jadis si présente, a disparu : l'Algérien d'aujourd'hui ne vit pas avec sa société mais contre elle, avec cette dose d'agressivité prête à exploser au moindre prétexte. De respectables pères de famille s'arment avec une déconcertante facilité, de crics et en viennent aux mains pour une place de parking ou un motif tout aussi futile. Et ce qui est stupéfiant dans toute cette violence sociale, c'est l'instauration considérable d'une religiosité ostentatoire. Ça se drape de blancheur le vendredi et ça conduit comme des fous à la sortie de la mosquée comme ce fut le cas ce vendredi. Est-ce bien sérieux ? Certainement non. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.