Boulangers et autres commerçants aux abonnés absents, manque flagrant de moyens de transports : les citoyens ont dû faire dans la débrouille pour passer les deux jours de l'Aïd, une fête marquée également par des pics de température et des coupures de courant et d'eau. Absence de transport, boulangers aux abonnés absents, pénuries de lait, de pain, de légumes, coupures de courant électrique dans plusieurs quartiers, hôpitaux submergés... ramadan incendiaire, les Algériens ont fêté l'Aïd dans des conditions déplorables. Les autorités et plusieurs syndicats des commerçants et des transporteurs s'étaient pourtant engagés à assurer dans de bonnes conditions tous les services. Mais encore une fois, les mauvaises habitudes ont repris le dessus sur le quotidien des citoyens. L'absence de moyens de transport fut une entrave qui a beaucoup altéré la fête : le transport urbain à Alger, mérite un carton rouge. Beaucoup de perturbations et de désorganisation dans les dessertes entre les cités avons-nous constaté lors de notre tournée dans les quartiers de la capitale. Les citoyens des quartiers de banlieue ont le plus souffert des perturbations du transport urbain et de cette politique imposée par les transporteurs. Certains confrères nous ont signalé la rareté des bus qui assuraient la liaison Alger - Aïn Taya et Alger - Douéra ainsi que celles reliant le centre ville de la capitale vers les hauteurs d'Alger. Certaines lignes étaient perturbées ou très mal desservies, d'autres n'étaient pas du tout assurées. Pour se déplacer d'une cité à une autre, certains citoyens ont attendu des heures, d'autres étaient obligés de rebrousser chemin ou prendre un taxi clandestin à des prix exorbitants. «Les taxis passent devant toi et refusent de s'arrêter. Pourquoi ? », fulmine une personne âgée de la cité des 2004-Logements à Baraki que nous avons transportée jusqu'à l'hôpital Z'mirli pour une consultation. En évoquant le secteur médical, plusieurs cas d'insolation, brûlures et déshydratation dans la capitale, avons-nous constaté au niveau des services des urgences médicales de certains hôpitaux de la capitale. Selon le Dr Halim Saïdani, le service des urgences de l'hôpital de Béni Messous accueille quotidiennement «près de 400 citoyens pour consultations diverses dont 40% représentent des cas d'insolation, d'asthme et d'allergie chez les vieux et de déshydratation pour les enfants». Ce que confirme aussi un responsable de l'établissement sanitaire de Béni Messous. Comme si le changement de rythme entre la période de jeûne et la reprise de la vie normale ne causait pas assez d'incidents, la hausse des températures est venue en rajouter un brin chez les habitants du littoral de l'Algérois. Evanouissements, vomissement, vertiges et faiblesse sont remarqués chez les individus qui osent défier cette chaleur, avons-nous également remarqués au niveau des structures sanitaires de Hamamet et de Zéralda. Dans un autre chapitre, celui du pain et de la commercialisation de lait, le constat était le même dans tous les quartiers d'Alger. De Rouiba jusqu'à Hussein Dey en passant par Dar El-Beïda, Bab Ezzouar, Bordj El-Kiffan jusque sur les hauteurs, les citoyens ont eu toutes les peines du monde à s'approvisionner en produits de première nécessité. Pas de lait en sachet et encore moins de pain. Cette raréfaction du pain s'explique, selon le patron boulangers qui s'est confié à l'APS, «par le fait que de nombreux mitrons partent en congé chez eux, dans les localités rurales, montagneuses et éloignées où se trouvent leur familles». Seuls les cafés, commerces d'alimentation générale, quelques bouchers et magasins d'appareils téléphoniques pour l'inévitable recharge de crédit prépayé, nécessaire pour les communications et le traditionnel échange de vœux, étaient ouverts au public. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la pâtisserie, sous toutes ses formes, était largement disponible chez les boulangers. Un responsable de l'association pour la protection du consommateur s'est indigné de l'attitude et de l'absence des boulangers pendant les fêtes de l'Aïd. Pour lui, «les vieux réflexes ont la peau dure». Ni les appels à la sagesse ni la réglementation en vigueur n'ont pu empêcher la population de rester sur sa faim. Parler de manque de produits de première nécessité durant les fêtes religieuses en Algérie, c'est aussi évoquer le manque de pharmaciens ouverts. A travers bon nombre de quartiers d'Alger, il nous a été vraiment difficile, hier, de se procurer des médicaments. Pourtant à se fier à la réglementation régissant les pharmacies, «les officines de garde devraient assurer le service de garde les jours de congés hebdomadaires et les jours fériés».