«Bécha se mit à pleurer, Le mur à s?écrouler, L?oiseau à se déplumer, L?arbre à s?effeuiller, Et, moi, la source, à m?assécher.» «Alors, dit la servante, la cruche jolie je vais briser, Sans autre forme de procès !» Et elle laissa tomber sa cruche qui se fracassa en mille morceaux. «Et moi, le mur, à m?écrouler.» Alors, dit l?oiseau, je vais aller me réfugier dans l?arbre où je vais me déplumer. Bientôt, de petites plumes et un fin duvet voltigèrent dans l?air ; Cette neige alla çà et là se poser tels des flocons légers. Par jeu, l?olivier avec ses longues branches attrapa quelques plumes blanches, mais quand il aperçut l?oisillon il s?écria : «Pauvre petit oiseau, mais que t?arrive-t-il donc ?» «O arbre ! si tu savais, pépia l?oiseau : Le vieil homme a apporté de la viande à la maison, La vieille la mangea et accusa de ce méfait le petit chat. Bécha se mit à pleurer, Le mur à s?écrouler Et moi, l?oiseau à me déplumer.» «Alors, dit l?arbre, je vais secouer mes feuilles jusqu?à les arracher, Sans autre forme de procès !» Soudain, des petites feuilles toutes vertes encore, tourbillonnèrent dans l?air et vinrent se poser délicatement sur l?eau vagabonde de la source qui s?écria à son tour : «Arbre, pourquoi perds-tu ainsi ton feuillage. N?est-ce pas trop tôt ?» «O source ! si tu savais, bruissait l?arbre : Le vieil homme a apporté de la viande à la maison, La vieille la mangea et accusa de ce méfait le petit chat. Malheureusement, ce dernier se réfugia Près du mur, et l?assiette vide il pleura. Le mur intrigué lui demanda : «Chat, pourquoi pleures-tu à mes pieds et près de ce plat vide ,» Et le chat de répondre : «O mur ! si tu savais, le vieil homme a apporté de la viande, la vieille l?a mangée ; puis, m?a accusé de ce méfait». Alors, dit le mur : «Moi, je vais m?écrouler, sans autre forme de procès !» Et, il s?écroula. «Hé ! mon vieux mur, mon refuge, pourquoi t?écroules-tu ainsi ?», Dit l?oisillon qui se nichait habituellement dans le mur. «O petit oiseau ! Si tu savais, reprit le mur. Le vieil homme a apporté de la viande à la maison, La vieille la mangea et accusa de ce méfait le petit chat. Bécha se mit à pleurer. Remarques - Le chat, la chatte sont très souvent représentés dans les contes car ils sont considérés comme des animaux propres. On raconte qu?un jour, le Prophète voulait se lever et, s?étant aperçu qu?une chatte avait mis bas sur une partie du manteau qu?il portait, préféra couper un pan de son vêtement plutôt que de déranger la mère et sa portée. - Par transfert la maison symbolise, à son tour, la famille. Par pudeur un étranger ne demandera pas des nouvelles en nommant la femme de son interlocuteur il dira simplement : «Comment va la maison ?». Chez les Occidentaux, le mur aussi est quelque peu sacralisé. Rappelons-nous la cérémonie de la pose de la première pierre.