Il était ce qu'il en était. — Que la paix et l'abondance soient sur toi ! Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. Il était un homme qui avait une fille et un garçon. Sa femme mourut, il se remaria. Sa seconde femme détestait les deux enfants. Un jour, elle fit appel à ses voisines pour l'aider à travailler la laine de mouton que son mari lui avait achetée. Elle voulut leur faire un bon couscous pour les remercier, envoya chercher la viande de mouton mais n'en trouva pas. Elle appela le fils du voisin et lui dit : — Va me chercher le petit au koutteb, j'ai besoin de lui tout de suite. Ayant peur de se faire gronder, le gamin vint à toute vitesse. La belle-mère le fit entrer dans un recoin sombre de la cuisine, l'égorgea, se débarrassa de la tête, des entrailles et fit cuire le reste. Elle servit généreusement ses invitées et mangea avec elles de bon appétit. Le mari rentra un peu plus tard, elle le servit également. La fille s'inquiéta, demanda pourquoi son frère ne rentrait toujours pas du koutteb, la marâtre ne lui répondit pas, mais en voyant les grandes quantités de viande que cette dernière distribuait, elle comprit ce qui s'était passé et refusa de manger. Elle ramassa tous les os, creusa un trou au pied du mur situé à l'Est où elle découvrit la tête et les jambes du petit frère déjà enfouies par la marâtre. Elle enterra le tout, mit une pierre du côté de la tête, s'assit sur cette tombe étrange et se mit à pleurer. Tous les jours, elle pleurait avec une telle affliction et si abondamment sur cette tombe improvisée que les os du petit frère, ne pouvant supporter cette douleur, se métamorphosèrent en oiselet vert et s'envolèrent en disant : — Arrête sœurette ! tu m'as brûlé le cœur, nuit et jour tu pleures, et il chanta : Je suis l'oiselet vert, je suis la beauté de l'ambre, Ma belle-mère m'a égorgé, mon père a mangé ma chair Et ma sœurette qui m'est si chère, ô combien elle m'a pleuré ! A enterré mes os dans le cimetière Est. Elle s'écria : «O petit frère ! ô petit frère !», mais il battit des ailes et s'envola en lui disant qu'il reviendrait. Il se dirigea vers le marché, entra chez le premier épicier qu'il rencontra, le salua et chanta : — Je suis l'oiselet vert, je suis la beauté de l'ambre, Ma belle-mère m'a égorgé, mon père a mangé ma chair Et ma sœurette qui m'est si chère, ô combien elle m'a pleuré ! A enterré mes os dans le cimetière Est. Effrayé, le marchand lui demanda : — Qu'est ce que t'as dit ? Répète un peu. Je ne répéterai que si tu me donnes un paquet de grosses aiguilles de bourrelier ! L'épicier obéit, puis tendit l'oreille et l'oiselet chanta de nouveau : — Je suis l'oiselet vert, je suis la beauté de l'ambre, Ma belle-mère m'a égorgé, mon, père a mangé ma chair Et ma sœurette qui m'est si chère, ô combien elle m'a pleuré ! A enterré mes os dans le cimetière Est. Puis il disparut, alla se poser dans la boutique d'un second épicier et chanta : — Je suis l'oiselet vert, je suis la beauté de l'ambre, Ma belle-mère m'a égorgé, mon, père a mangé ma chair Et ma sœurette qui m'est si chère, 0 combien elle m'a pleuré ! A enterré mes os dans le cimetière Est.