Les troupes Imenyaen de Tizi Ouzou et Errisala al-Fanya de Sidi Bel Abbes ont interprété, hier, en in, des œuvres aux thématiques sombres où histoires d'amour et morts violentes ont été mises au premier plan. Ecrite et mise en scène par Mkrab Lyes, ‘Takna' est une pièce en tamazight relatant l'histoire de Ghenima, une femme devenue folle après l'assassinat de son mari journaliste. Une pièce centrée sur le délire de la veuve et l'incapacité de sa famille à lui rendre la raison, servie par un texte lyrique usant d'un vocabulaire ancien et proverbial rendant parfois assez difficile sa compréhension pour le public non averti. Le titre de la pièce évoque la «rivale» de Ghenima, Nedjma, en référence à l'œuvre de Kateb Yacine et à l'identification de ce personnage avec l'Algérie pour l'amour de laquelle Achour, le mari, a été assassiné. La mise en scène alterne, quant à elle, des moments réels évoquant les tentatives de la famille de soigner Ghenima et des tableaux symboliques représentant l'espace de la folie où l'héroïne croit retrouver son défunt mari. ‘Fajdr Ibliss', présentée par la troupe Errisala al-Fanya, met en scène un couple, Fayed et Badrana, menacé d'être exécuté à l'aube par les membres de leur village à cause du soupçon d'adultère qui pèse sur la femme. Dans une atmosphère d'attente angoissée, les deux personnages tentent de trouver une échappatoire tout en s'accusant mutuellement de la situation dans un jeu d'amour/haine qui les mènera à la mort. Sur un texte de l'auteur palestinien Ghanem Ghennam, la mise en scène de Ben Salem Mohammed El-Bachir se distingue par l'utilisation des «flash-backs» une technique inspirée du cinéma, pour éclaircir certains éléments de l'histoire de ce couple Outre ce procédé, le metteur en scène a privilégié l'expression corporelle pour aborder d'une manière subtile des thèmes comme le viol et le suicide tout en préservant la sensibilité du public. En marge des représentations, une conférence a été donnée par le journaliste et dramaturge Bouziane Ben Achour sur l'œuvre et la vie de Kateb Yacine. L'acteur algérien Sid Ahmed Agoumi a interprété à cette occasion un morceau choisi d'une des pièces les plus célèbres de Kateb Yacine, ‘Le cadavre encerclé' ainsi que des poèmes de son premier recueil «soliloque» publié à l'âge de 16 ans.