Résumé de la 51e partie - Le «pater» apprend à Charles que l'Associated Catering de Leonidès est en perdition... Il a eu le tort aussi de dépenser des sommes folles pour réaliser des projets qui ne tenaient pas debout. — Sans commettre, cependant, rien de répréhensible ? — Rien. — Alors, demandai-je, pourquoi aurait-il tué ? — Dans ces cas-là, répondit l'inspecteur, qu'on soit un fou ou une crapule, le résultat est le même, ou à peu près. Il n'y avait qu'une chose qui pouvait empêcher l'Associated Catering de sombrer. Il lui aurait fallu recevoir, avant mercredi prochain au plus tard, une somme vraiment considérable. — Analogue à celle dont il hériterait ? — Exactement. — Mais cet héritage ne lui donnerait aucune disponibilité immédiate. — Il lui vaudrait du crédit. Ça revient au même. Le «pater» approuva du chef et dit : — N'aurait-il pas été pour lui infiniment plus simple d'aller trouver le vieux Leonidès et de lui demander un coup d'épaule ? — A mon avis, déclara Taverner, c'est ce qu'il a fait et c'est la conversation qu'ils ont eue à ce moment-là que la gosse a entendue. Le vieux n'a pas marché, estimant que les pertes étaient suffisantes comme ça et que mieux valait ne pas essayer de les rattraper. Il avait horreur de jeter l'argent par les fenêtres. Je crois que, sur ce point, Taverner voyait juste. Aristide Leonidès n'avait pas voulu monter la pièce de Magda, parce qu'il considérait qu'elle ne ferait pas un sou. L'événement devait lui donner raison. Il se montrait généreux avec les siens, mais il n'était pas homme à engloutir des capitaux dans une entreprise condamnée. L'Associated Catering avait vraisemblablement besoin de centaines de milliers de livres. Il avait refusé de les donner. Il ne restait donc à Roger qu'un moyen d'éviter la ruine : tuer son père. C'était bien le mobile que nous cherchions. Le paternel consulta sa montre. — Je lui ai demandé de venir, dit-il. Il arrivera d'une minute à l'autre. — Roger ? — Oui. La chose me chiffonna un peu. Je songeai à l'araignée de la fable, invitant la mouche à entrer dans son antichambre. Tout était prêt. Le sténographe affûtait ses crayons. Un trembleur vibra et, quelques instants plus tard, Roger pénétrait dans la pièce. Il se heurta à la chaise et, de nouveau, sa gaucherie me frappa. Je ne pouvais le voir sans songer à un bon gros chien, cordial et maladroit. Impossible, vraiment, que cet homme-là eût transvasé de l'ésérine dans une fiole d'insuline. Il aurait cassé les verres en les manipulant. Il parlait, très volubile. — Vous désiriez me voir ? Vous avez trouvé quelque chose ?... Oh ! excusez-moi, Charles, je ne vous avais pas aperçu ! C'est gentil à vous d'être venu. Mais, dites-moi, sir Arthur... Il avait décidément l'air d'un brave type. Seulement, des quantités d'assassins sont des gens délicieux jusqu'au jour où ils commettent le crime qui stupéfie leurs amis. Je lui souris. (A suivre...)