Réaction - La réponse sécuritaire est la solution la plus utilisée jusque-là pour permettre un retour rapide à la normale dans des situations conflictuelles. La simple répétition des événements permet de comprendre que l'on est devant une situation qui ne se suffit pas d'une réponse policière. Dans une étude parue en juillet, le sociologue Larbi Ichebouden expliquait que «les villes de tous les pays sont pratiquement assiégées de bidonvilles qui font partie d'un décor sinistre. Un cancer pour le monde urbain». Pour Alger, le sociologue indiquait que «ce phénomène s'inscrit parmi les grandes sources du malaise social de la ville et de sa gouvernance». Le bidonville lui-même «est symptomatique d'un malaise social criant», indique le sociologue. Le bidonville n'est pas non plus un mode d'habitat inscrit dans le patrimoine urbanistique du pays. Ichebouden indique qu'«il n'y avait pas de bidonvilles dans l'Alger précoloniale. Les populations rurales et urbaines vivaient chacune dans leur monde et leur cadre sociologiques propres, où, adossées à un système social traditionnel rigide, la totalité solidaire était avérée». Les raisons de l'émergence des bidonvilles à partir de 1920 sont à chercher dans le contexte historique de l'époque. «C'est à la suite de la dépossession des terres, des crises politiques du XIXe siècle, de la désorganisation de l'économie rurale, devenue coloniale, et enfin des famines vécues comme des fatalités, que les populations seront déracinées et vivront des mouvements d'exodes et «ruées» vers les villes du pays, villes où elles ne seront jamais admises», souligne Ichebouden. Il reste que le bidonville, «parmi les grandes sources du malaise social de la ville et de sa gouvernance», porte en lui le symptôme de «la non-maîtrise des outils de planification et révèle les nombreuses difficultés d'un développement urbain harmonieux». Pour ce qui est du relogement, le spécialiste souligne certes que ces opérations «sont du plus grand effet quant à l'éradication progressive des bidonvilles dans l'agglomération algéroise», mais ne parle en aucune manière des méthodes et manières avec lesquelles ces relogements doivent se faire, même s'il constate une inadéquation entre la solution et la réalité sociologique de la famille algérienne. «Il est tout aussi important d'insister sur un fait très important, parfois à l'origine de quelques couacs enregistrés dans les opérations de relogement. Il s'agit du fameux logement F2, cette menterie d'habitat destinée aux ménages. En effet, ce serait faire de la négation sociologique de la famille algérienne pour qui connaît les caractéristiques de cette dernière», précise Ichebouden. Il reste que pour lui «ces opérations de relogement sont un signe considérable exprimant l'attitude positive vis-à-vis des citoyens qui souffraient dans ces «habitats» qui n'en sont pas. Par ces opérations de relogement, il s'agira de salubrité et de promotion pour les bénéficiaires. Même les quartiers concernés bénéficieront d'une certaine désensification de leurs espaces jusque-là squattés ». En fait, il semble bien que les conséquences immédiates de ces relogements n'ont été prévues par personne. Et il n'est pas difficile de parier que l'on compte sur l'habitude et la nécessité de coexister ensemble pour estomper les querelles et recouvrer la situation de calme qui précédait l'arrivée des relogés dans les quartiers concernés.