Des canalisations d'eaux usées traversant le cimetière d'El-Madania se sont déversées sur des tombes. Plusieurs dépouilles et ossements ont été déterrés. La situation qui s'est produite au cimetière musulman d'El-Madania est un cas édifiant, dont la bêtise humaine est la cause. Situé à quelques encablures du cimetière chrétien, un conduit d'égout, qui traverse le cimetière, a éclaté jeudi dernier sans que les autorités interviennent pour le réparer. Pourtant, les citoyens avaient auparavant tiré la sonnette d'alarme. Ils avaient même averti les responsables locaux sur la menace que représente un réseau d'eaux usées à l'intérieur du cimetière. Le constat est amer. Plusieurs tombes ont été emportées par le déversement de ces eaux, les dépouilles et les ossements éparpillés à même la nature. Jusqu'à avant-hier, «aucun responsable ne s'est déplacé sur les lieux», nous dit un groupe de citoyens rencontrés sur les lieux. «Nous avons nous-mêmes et avec nos propres moyens enterré les dépouilles et les ossements que les eaux usées ont emportés», racontent également les citoyens d'El-Madania. Hier, lors de notre passage, la colère des citoyens était visible sur chaque visage. L'entreprise en charge de la gestion et de l'entretien des cimetières l'EGPFC est clouée au pilori par les citoyens. «Depuis samedi dernier, je n'ai pas cessé d'alerter les responsables de l'EGPFC. En vain», nous dit un citoyen émigré, lequel fait un saut au cimetière chaque fois qu'il revient au pays. «Mon Dieu, à l'étranger, des cimetières canins sont beaucoup mieux entretenus, mieux protégés que ceux que nous réservons aux humains chez nous», crie-t-il en levant les mains au ciel. «C'est un scandale sans précédent, c'est aussi un viol de la mémoire de nos morts», ajoute une jeune dame dont les eaux usées ont emporté la tombe de son défunt père. «La situation s'est nettement améliorée et les choses commencent à revenir à la normale», nous dit M. Mouffok, P/APC d'El-Madania. M. Mouffok explique que la prise en charge de la situation du cimetière a commencé ce matin (ndlr. Hier). «Dès que nous avons été alertés par les citoyens, nous avons mobilisé nos effectifs», nous dit-il également. Le premier responsable de la commune d'El-Madania, avoue toutefois : «Au départ, j'ai été mal informé. J'ai envoyé mes éléments au cimetière chrétien de Diar Essaâda et nous avons été retenus par l'opération de la lutte contre les marchés informels.» Et d'ajouter : «Les travailleurs de l'entreprise Seaal sont sur place pour faire le nécessaire. L'opération est supervisée par un vice-président et le secrétaire général de la commune.» Toutefois, l'élu du peuple nie avoir été informé auparavant d'un éventuel éclatement des canalisations des eaux usées qui traversent le cimetière. En revanche, au niveau de l'EGPFC, c'est le silence radio.