Résumé de la 446e partie - Lachaussée, le valet et l'âme damnée de Sainte-Croix, est arrêté et soumis à la torture. Il accepte enfin de parler. Le procès-verbal relatif à la torture (on disait alors : la mise à la question) de Lachaussée décrit ainsi les aveux du valet : «Lachaussée, relâché de la question, mis sur le matelas, le Rapporteur s'étant retiré, une demi-heure après, Lachaussée le fit prier de revenir ; il lui a dit que la dame de Brinvilliers lui avait donné les poisons pour empoisonner ses frères. Il a mis de l'eau roussâtre dans le verre du lieutenant civil, à Paris, et de l'eau claire dans la tourte de Villequoy.» Lachaussée, reconnu coupable, sera exécuté. Sainte-Croix mort, il restait la marquise de Brinvilliers qui, aux yeux du public, était la première coupable. Mais comment l'atteindre dans le couvent où elle s'était réfugiée ? Un couvent, parce qu'il est sous l'autorité religieuse, est en principe inviolable. La police ne pouvait l'arrêter dans ce lieu. C'est alors qu'un exempt de la maréchaussée (aujourd'hui on dirait un officier de police), du nom de Desgrais, se présente. — Je l'arrêterai et la conduirai à Paris ! — Comment comptez-vous faire ? lui demandent ses supérieurs. — Laissez-moi agir à ma guise ! On lui donne l'autorisation de se rendre à Liège. Il faut dire que Desgrais est un bel homme et il sait que la marquise est une femme qui apprécie les beaux jeunes hommes. Bien entendu, il ne dira pas qu'il est policier, mais se présentera sous les traits d'un abbé. Il achète un habit de religieux et se présente au couvent. Il se dit arrivant de Rome et, passant par Liège, il veut rencontrer la marquise de Brinvilliers. — C'est une femme dont on m'a vanté la beauté, je sais aussi qu'elle a traversé des épreuves cruelles, je voudrai lui rendre visite ! La marquise accepte de le recevoir. Dès qu'il la voit, Desgrais se répand en éloges. — On ne m'a pas trompé, madame, vous êtes d'une beauté admirable ! — Hélas, monsieur l'abbé, j'ai vécu tant de malheurs et tant d'injustices ! — Je sais, je sais aussi que vous êtes innocente des crimes que l'on vous reproche ! La marquise le regarde. — C'est vrai ? Vous le croyez ? — Bien entendu... Comme l'abbé lui fait les yeux doux, elle s'attendrit. — Vous êtes si bon... — Me permettez-vous de vous faire une autre visite ? La marquise est flattée. — Ne deviez-vous pas rentrer à Paris ? — Si, mais pour vous revoir, je suis prêt à prolonger mon séjour à Liège ! — Pour me revoir ? — Oui ? — Alors, venez demain, à la même heure ! Et l'«abbé» s'en va, heureux que son piège commence à fonctionner. (A suivre...)