Résumé de la 1re partie Hiep, 53 ans, vit en France ; il est venu d?Indochine. En ce jour du 15 juillet 1963, il taille ses rosiers pour la dernière fois. Petit Georges voudrait bien voir ce qu?il y a dans cette cabane ! Mais Popaul ne veut pas. «Rien à voir. Je pas fini encore?» Maintenant, Popaul travaille à l?intérieur de la cabane. Petit Georges ne le voit plus. Quant au père de Petit Georges, il n?a échangé que quelques mots avec Popaul. La construction que ce dernier a entreprise ne lui paraît pas tellement bizarre. Si cet homme a envie d?une douche dans son jardin, ça le regarde. 29 juillet 1963. Petit Georges a vu Popaul remplir une énorme caisse de sable et la tirer péniblement à l?intérieur de la cabane. 30 juillet 1963. Petit Georges entend des coups de marteau à l?intérieur de la cabane. Puis Popaul sort, ferme la porte de bois et examine son travail. «T?as fini, Popaul ? ? Je finis bientôt, Georges, bientôt. ? T?es content ? ? Je content. ? T?es pas malade ? T?as mal aux mains ? ? Non. ? Dis Popaul, demain je serai pas là, t?as besoin de rien ? ? Non. Besoin de rien.» En réalité, Popaul a terminé son travail. Il a gagné sa course contre la montre. Mais demain, 31 juillet, le plus difficile reste à faire. C?est son dernier jour de solitude. Demain, Popaul, Hiep Tran, ancien combattant de la guerre d?Indochine, va mettre un point final à son aventure misérable. Le 31 juillet est passé. Calme. La petite maison a ses volets fermés. La porte est close. La cabane insolite plantée devant la haie, close aussi. Si un curieux voulait y entrer, ce serait facile. Pas de verrou à l?extérieur. Il suffirait d?une légère poussée pour ouvrir la porte de bois. Et le curieux pourrait l?examiner tout à loisir. Sa curiosité ne serait pas récompensée. C?est une cabane vide, dont le sol est recouvert de sable. C?est tout. Le 1er août, une dame pénètre dans le jardin, accompagnée de Petit Georges. Elle s?appelle Suzanne. Elle est aveugle, c?est la compagne de Hiep Tran. De Popaul. Ils se sont connus il y a dix ans déjà, et ont décidé de vivre ensemble. La petite maison d?Eure-et-Loir lui appartient. Popaul y vit presque toute l?année. Elle n?y vient que l?été, au mois d?août. Le reste du temps, elle vit à Paris. C?est là qu?elle peut gagner de quoi vivre. Suzanne n?a pas d?âge. Et Popaul n?est pas son mari. Ils ont tout simplement associé leurs solitudes pour ne pas dire leurs misères. Petit Georges guide Suzanne vers la porte d?entrée. Il frappe. Personne ne répond. Suzanne cherche derrière le volet, à tâtons, et trouve la clé de la maison. Popaul la laisse toujours là quand il est sorti. Et manifestement, il est sorti. Suzanne entre, toujours guidée par le petit garçon. «Tu ne sais pas où il est allé, Georges ? ? Non, je l?ai pas vu ce matin, et hier je n?étais pas là. Je lui ai demandé s?il avait besoin de quelque chose, il a dit non. ? Il était malade ? ? Il a dit non. Mais il était fatigué parce qu?il a beaucoup travaillé. Il a fait une cabane dans le jardin, pour mettre une douche.» Une douche ? Pourquoi une douche, alors que la maison a tout ce qu?il faut ? Et pourquoi faire ce travail tout seul, alors qu?il est si fatigué, qu?il a tant de mal à se servir de ses mains ? Si le petit garçon a trouvé ça tout naturel, Suzanne a peur. Immédiatement peur. «Georges, où est cette cabane ? Emmène-moi !» Petit Georges et Suzanne vont jusqu?à la cabane. «Qu?est-ce qu?il y a, Georges ? ? Rien. Y a rien? ? Par terre, y a rien par terre ? ? Non. Du sable? ? Georges, ramène-moi à la maison, et va chercher ton papa? Tout de suite, s?il te plaît? Va vite !» (à suivre...)