Analyse - «Il y a des mutations dans le marché de l'emploi partout dans le monde. Les gens veulent avoir de la flexibilité sur le marché pour changer d'emploi en fonction de ce qui est proposé». C'est ce qu'a déclaré, ce jeudi matin, Mohamed-Tahar Chaâlal, directeur général de l'Agence nationale de l'emploi (Anem), citant l'exemple du Danemark où les travailleurs ne veulent pas de Contrat à durée indéterminée (CDI). Cette tendance commence également à se sentir sur le marché national de l'emploi, selon M. Chaâlal qui, se référant à des chiffres de l'Office national des statistiques (ONS), note que 47 % des travailleurs algériens pensent à changer d'emploi. «Il faut essayer de comprendre pourquoi on veut changer d'emploi, on peut le faire pour avoir une meilleure rémunération ou par ce qu'on a des compétences. C'est ça le plus important. Aujourd'hui, il faut sortir de la tête cette idée de contrat à durée indéterminée, car elle est généralement adossée à l'emploi à vie» a-t-il expliqué. Le directeur général de l'Anem, qui s'exprimait sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, estime que «le contrat à durée déterminée ne constitue aucunement un risque pour le travailleur». Au contraire, poursuit-il, il constitue une flexibilité pour le travailleur. «Quand on parle de flexibilité, c'est-à-dire ‘sauter' d'un emploi à un autre», a-t-il encore expliqué. Contrairement à certains pays, rappelle ce responsable, l'Algérie a fait le choix d'adopter des politiques actives sur le marché de l'emploi, à l'exemple de l'Andi, l'Ansej, la Cnac, l'Angem. Ainsi, toutes les populations sont ciblées. «L'Algérie fait de l'intermédiation segmentée. Aujourd'hui, le citoyen algérien a une panoplie de dispositifs pour créer son entreprise. Celui qui ne peut pas, s'adressera à l'Anem pour un emploi dans le secteur économique», a-t-il précisé. Revenant, par ailleurs, sur le nombre d'emplois créés par l'Agence nationale de l'emploi, M. Chaâlal a noté qu'en 2012, 155 300 demandeurs d'emploi ont été recrutés dans le secteur économique, contre 123 900 en 2001, soit une évolution de 25 %. Selon les chiffres avancés par le DG de l'Anem, 29 230 jeunes sont recrutés dans le cadre du Contrat de travail aidé (CTA), contre 18 780 en 2001, soit une évolution de 56 %. S'agissant des employeurs, le même responsable a noté que 70 % de l'offre parvient du secteur privé et 30% du public. Pour ce qui est des profils des demandeurs d'emploi, M. Chaâlal a noté que 40 % ont une qualification, 37 % sans aucune qualification, et 23% sont hautement qualifiés. Enfin, pour espérer décrocher un emploi, le premier responsable de l'Anem appelle les familles à encourager leurs enfants à faire des formations demandées sur le marché de l'emploi. «Il faut cesser d'encourager nos enfants à aller directement gagner de l'argent parce qu'ils ne peuvent pas y parvenir s'ils ne passent pas par des formations qui soient demandées par le marché de l'emploi. Aujourd'hui, Il y a certaines entreprises qui ne répondent pas à des appels d'offres car elles ne disposent pas de main-d'œuvre, il faut que notre jeunesse revienne à certains métiers», a-t-il insisté.