Affaire Me Belloula, l?avocat de Mme Zerhouni, l?épouse du ministre de l?Intérieur, tiendra ce matin une conférence de presse. A l?heure où nous mettons sous presse, celle-ci n?a pas encore débuté. Dans sa livraison du 20 juillet 2003, notre confrère Le Matin publie un témoignage de M. Mahfoud Sadaoui, un ancien moudjahid de la Zone III de la Wilaya IV, dans lequel il affirme avoir été torturé par le ministre de l?Intérieur, M. Yazid Zerhouni, en décembre 1971. Pour un litige avec Mme Zerhouni autour d?un local sis au 26, rue Didouche-Mourad, M. Sadaoui révèle avoir été «séquestré pendant un mois et torturé à mort par le cousin de Yazid Zerhouni, un certain Ferhat Zerhouni, et son collaborateur Chagra Abdelkader, dit Meftah, un harki, qui s?est fait passer pour un moudjahid. Ils m?ont exigé le désistement par écrit du local. Je ne l?ai pas fait. J?ai été insulté ; je vous épargne les propos orduriers, les coupes, la gégène, la tête plongée dans l?eau savonneuse. Ce qui me faisait le plus mal, c?est que j?étais torturé par un harki (?)». Alors qu?il était dans sa cellule, l?ancien moudjahid dit avoir reçu la visite d?un officier qui l?informe qu?il allait être libéré. «Mais si tu parles, ce sera ta dernière erreur», lui aurait lancé ce même officier. M. Sadaoui déclare avoir adressé plusieurs requêtes (de 1972 à 1990) aux plus hautes instances de l?Etat après sa libération, mais sans résultat : «On m?a promis que je pourrais récupérer mon local, mais personne n?a rien fait.» M. Sadaoui décide alors en 1990 d?ester en justice Mme Zerhouni, née Fatiha Boualga, dans l?espoir de récupérer «son» local. En première audience, le tribunal de Sidi M?hamed a ordonné, selon M. Sadaoui, l?expulsion de Mme Zerhouni du local, objet du litige. Celle-ci fait cassation et désigne Me Belloula avocat. «Depuis, c?est-à-dire plus de 12 ans, l?affaire traîne en justice.» Au lendemain de la publication de ces révélations, des partis politiques, des personnalités et des organismes de défense des droits de l?Homme sollicitent la justice pour faire la lumière sur cette affaire. Ainsi, le FLN, par la voix de son chargé de communication, déclare, dans les colonnes d?El-Watan du 21 juillet, qu?il revient à la justice de statuer sur l?affaire. Alors que Me Boudjemaâ Guechir, président de la Ligue algérienne des droits de l?Homme, exige des autorités «l?ouverture d?une enquête sur les allégations de M. Sadaoui». Pour sa part, Mme Zerhouni réagit aux révélations du journal Le Matin en infirmant «les propos dénués de tout fondement» de M. Sadaoui tout en promettant à notre confrère El Watan de lui remettre les documents justifiant sa qualité de propriétaire du local sis au 26, rue Didouche-Mourad. Le 23 juillet, M. Yazid Zerhouni rompt le silence et affirme depuis Djelfa, en marge de la visite programmée du président de la République, que M. Sadaoui n?en est pas à sa première diffamation. «Il a eu déjà à porter atteinte à ma personne en colportant ce genre d?informations sordides, et la justice avait tranché en ma faveur (?) Maintenant, si c?est lui qui a réellement tenu ces accusations, il devra répondre devant la justice en tant que récidiviste (?) Je n?ai rien à me reprocher», a-t-il notamment affirmé.