Les défenseurs de l'épouse du ministre de l'Intérieur ont fustigé Saâdaoui. Prévue initialement pour permettre aux Zerhouni de donner leur version par le biais de leurs avocats, la conférence de presse n'a pas tardé à se transformer en salle d'audience et en une arène où sont échangés, en plus des arguments juridiques, des propos acerbes entre les différents antagonistes. La présence de maître Ziani, le défenseur de M. Saâdaoui n'est pas passée inaperçue. Lors de son allocution inaugurale, Me Tayeb Belloula regrette que les faits aient connu une telle ampleur alors qu'il s'agit tout simplement d'une affaire qui aurait pu trouver des réponses au niveau de la juridiction compétente. Il s'attaque ensuite à Saâdaoui qu'il traite de menteur et d'escroc. “Il exhibe l'arrêté d'attribution du local, mais oublie de montrer le document l'annulant. Comme il s'agit d'une pharmacie, la wilaya d'Alger a réagi pour faire respecter la loi. Mme Zerhouni, en sa qualité de pharmacienne, a bénéficié de ce local et un magasin plus grand sis au 12 avenue Pasteur à Alger a été donné à M. Saâdaoui”, a déclaré Me Belloula Tayeb. Cette affirmation mettra l'avocat dans la gêne, lorsque pressé de questions, il finira par reconnaître que l'officine objet du litige était, en réalité, occupée par l'union des étudiants algériens (UNEA), avant d'être octroyée à M. Saâdaoui et ensuite à Mme Zerhouni. Pourtant, quelques instants auparavant, le même homme de droit affirmait : “Une pharmacie ne peut jamais être affectée à une autre activité.” Me Belloula affirme que Saâdaoui exerçait dans la librairie de l'UNEA, à l'intérieur de ladite officine (durant la période coloniale) et il s'interrogera : “Comment a-t-il fait pour obtenir 3 décisions d'attribution de locaux au centre d'Alger et en temps record ?”. Il n'oublie pas de rappeler que le même Saâdaoui est poursuivi en justice par le ministère de la santé, car il a occupé de force, en 2002, les locaux loués par le Comité national de lutte contre la tuberculose, auprès d'un propriétaire privé. “Il a accaparé le local sis au 100, rue Didouche-Mourad et il a pris tout ce qui s'y trouvait. Voilà comment agit celui qui exhibe un autre arrêté vieux de plusieurs décennies”, a déclaré le conseil de Mme Zerhouni. Repartant à l'attaque, il s'étonne qu'il y ait des gens qui donnent du crédit aux “fabulations de la pseudo-victime. Pourquoi M. Zerhouni aurait-il eu recours à l'arrestation de Saâdaoui, alors que la wilaya a annulé la première attribution pour permettre à ma cliente d'exercer son métier de pharmacienne ?” “La loi est de son côté”, ajoute maître Belloula. Ce dernier, qui remet en question la qualité de moudjahid à Saâdaoui, promet d'autres révélations. Il montre aussi l'extrait de l'arrêt de justice de la cour d'Alger confirmant la condamnation de Saâdaoui à deux mois de prison avec sursis et à 500 DA d'amende pour diffamation en date du 26 juin 1995, suite à la plainte de Mme Zerhouni La conférence de presse a été, par ailleurs, émaillée d'incidents : des altercations verbales ont éclaté à plusieurs reprises entre les avocats de Mme Zerhouni et Me Ziani, conseil de M. Saâdaoui, qui est intervenu à plusieurs reprises lors de la conférence de presse, à laquelle il n'était pas invité. Il sera d'ailleurs durement apostrophé par Me Belloula qui n'hésitera pas à lui annoncer sans ménagement : “Vous osez traiter mon père de magouilleur alors que c'est votre client qui l'est. La plus grande erreur de votre client est de vous avoir constitué défenseur, alors que vous ignorez les procédures et au lieu de contester l'annulation de l'attribution devant la chambre administrative vous êtes allé devant le civil qui ne peut se prononcer sur ce genre de litige”. Pour sa part, maître Ziani, qui a animé une conférence de presse improvisée à la fin de celle des Belloula, a tenu à affirmer que son client a été bel et bien torturé pour qu'il signe un désistement. “Mon client a été spolié de force, car il est illégal que la wilaya transfère une attribution à une tierce personne en dépossédant celui qui en a bénéficié en premier”. Maître Ziani subira, par ailleurs, les foudres d'un locataire du 100, rue Didouche-Mourad, qui l'apostrophera violemment : “Non satisfait de voler les locaux du Comité de lutte antituberculeuse, votre client occupe toujours mon appartement situé au-dessus des mêmes bureaux.” Renseignements pris, cette victime est montée au 3e étage du même immeuble après l'intervention du gérant des biens des héritiers d'un ressortissant français. Cet échange était devenu nécessaire après la défection des conduites d'eaux usées rendant ainsi le local du comité antituberculeux inaccessible. Maître Ziani promet lui aussi de faire des révélations fracassantes sur cette affaire et ce, dans les tout prochains jours. S. I.