Ce qui ne devait être qu'une conférence de presse a vite fait de se transformer en polémique, véritable avant-goût de ce que sera le procès. La conférence de presse organisée par Me.Tayeb Belloula, avocat de Mme Zerhouni, dans l'affaire l'opposant au moudjahid Sadaoui, a vite fait de se transformer en une « foire d'empoigne » devant les représentants de la presse nationale. «Pharmacienne, Mme Zerhouni a bénéficié légalement du local et n'a aucun lien avec Sadaoui. M.et Mme Zerhouni n'avaient aucun besoin d'essayer d'extorquer à Sadaoui un acte de désistement qu'il présente comme ayant été l'objet de l'interpellation et de prétendues tortures dont il dit avoir été la victime.» C'est l'essentiel du message que voulait lancer Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, via l'avocat de son épouse. C'est un véritable réquisitoire dressé contre Sadaoui et le journal Le Matin qui se trouve à l'origine du clash auquel nous avons eu droit. Il s'agit d'un vieux conflit, datant des années 1970, autour d'un local situé à Alger, pour lequel M.Mahfoud Sadaoui accuse Mme Zerhouni d'avoir usé de l'influence de son mari, à l'époque colonel de la Sécurité militaire, pour le «lui enlever de force». Pour Me Belloula, les propos de M.Sadaoui «sont d'une extrême gravité et n'ont aucun fondement». Il ajoute que le but de cette conférence de presse est de «clarifier la situation sur les mensonges de M.Sadaoui, notamment concernant la torture et la séquestration dont il prétend avoir été victime» Usant de son talent d'orateur, Me.Belloula a indiqué qu' «à la suite des plaintes déposées par M. et Mme.Zerhouni, M.Sadaoui a déjà été condamné pour diffamation pour ses propos rapportés par la presse». Une condamnation «aujourd'hui définitive» a tenu à préciser l'animateur de la conférence. Le local objet du litige, qui, à l'époque, était placé sous la tutelle du ministère de la Santé, n'avait pas à être utilisé à une activité autre que médicale ou pharmaceutique suivant le décret du 14 septembre 1963. «Or, en dépit de cela, dès son occupation, M.Sadaoui a engagé des travaux de transformation qui ont fait réagir le ministère de la Santé», a expliqué Me Belloula, tout en s'interrogeant sur les dessous de l'affectation du local au profit de Sadaoui. Documents à l'appui, l'avocat ajoute que saisi par le ministère de la Santé publique, «le wali d'Alger a rendu un arrêté le 11 novembre 1971 par lequel il annule l'arrêté de M.Sadaoui (...) Ce dernier n'a jamais usé du droit de recours que lui confère la loi, probablement parce qu'il n'avait pas l'intention de contester la décision». Pour justifier sa thèse, l'avocat a précisé que M.Sadaoui a même «demandé, le 22 février 1972 par le biais d'une lettre, le remboursement de la caution qu'il avait versée». Ce qui est, aux yeux du conférencier, «une reconnaissance de la décision annulant l'affectation du local». «Tous ces faits ont été passés sous silence par M.Sadaoui et son avocat dans le but évident de tromper l'opinion après avoir trompé la justice», a commenté le conférencier. Cette expression a tout de suite déclenché une polémique entre l'avocat de Sadaoui et Me Belloula. De virulents propos ont été ainsi échangés. L'avocat de Mme Zerhouni a révélé qu'«un autre local a été attribué à Sadaoui en remplacement du premier». Ce fait, a indiqué l'avocat de Mme Zerhouni, «annule toutes les accusations portant spoliation de bien dont Sadaoui prétend être victime». Ce qui a été laissé en dernier semble être l'argument valable pour Me Belloula afin d'achever Sadaoui. Ce dernier a été, à son tour accusé par Me Belloula: «En exhumant des documents vieux de 30 ans, M.Sadaoui a occupé par effraction le siège du Comité algérien de lutte contre la tuberculose depuis 1972». A propos de cette affaire, Me.Belloula a indiqué que «Sadaoui est actuellement poursuivi en pénal par le parquet d'Alger». L'avocat de Mme Zerhouni ne s'est pas arrêté là. A le croire, «Sadaoui occupe l'appartement d'un citoyen». Il ajoute que «lorsque ce citoyen, locataire régulier, a protesté, Sadaoui, après l'avoir malmené et frappé, a porté plainte contre lui pour menaces et atteinte à la propriété immobilière». Ce feuilleton de l'été n'en est qu'à ses débuts. Au rythme où vont les choses, il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie et, partant, de savoir qui dit vrai dans cette affaire...