Valeur - La nomination de Lakhdar Brahimi comme envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie est un hommage que la diplomatie algérienne peut légitimement revendiquer. Le choix n'est pas fortuit. Pour les cas délicats, il faut assurément des diplomates chevronnés. Et les noms des diplomates algériens seront gravés en lettres d'or. C'est la diplomatie algérienne qui a su réconcilier, au début des années 1970, Saddam Hussein et le shah d ́Iran. Cet effort a valu à feu Houari Boumediene, rappelons-le, la «Médaille d ́honneur» que l'ex-SG de l'ONU, Kurt Waldheim, est venu lui remettre à Alger. A la même période, l'Algérie avait réussi à chasser le régime blanc d ́apartheid de l'ONU et ouvrir grandes les portes de la reconnaissance internationale à la nouvelle Afrique du Sud. Elu Président de la République en 1999, la première mission de Abdelaziz Bouteflika fut d'agir pour réconcilier l'Ethiopie et l'Erythrée, mettant fin à un conflit armé qui menaçait la stabilité dans la Corne de l ́Afrique. Les exemples des règlements adroits des conflits régionaux, grâce au dynamisme de la diplomatie algérienne, ne se comptent plus. Parallèlement, bon nombre de diplomates algériens étaient sollicités pour agir dans les zones de conflits, en Afrique et dans le monde. Là encore, ces efforts ont été concluants. Ancien vice-président de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, avait réussi à réconcilier le Liban. Il est à ce titre l ́artisan des historiques «accords de Taëf» qui ont permis à ce pays arabe de mettre fin à la guerre civile, dans les années 1980, et de se donner les institutions politiques de sa stabilité et de son unité. Les Libanais témoignent qu'à chaque arrivée d ́une mission de diplomates algériens à Beyrouth, les armes se taisaient, et «nous pouvions enfin dormir» (déclaration de la chanteuse Majda Roumi). Plusieurs missions des plus périlleuses ont été depuis confiées à Lakhdar Brahimi, de l'Afghanistan à l'Irak. Le choix du SG de l'ONU porté sur l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères afin de remplacer l'ancien médiateur Kofi Annan n'est pas hasardeux. Pour une telle mission aussi compliquée dans un pays où tous les ingrédients d'une guerre sont réunis, c'est à Lakhdar Brahimi qu'incombe la mission d'éviter la «solution à l ́irakienne» qui serait le pire des scénarios, selon les aveux même du Président Barack Obama. Jouissant de la confiance de Damas, mais aussi des autres capitales de la région, il est le candidat le mieux placé à la tête de la périlleuse mission de l'ONU en Syrie.