Les biographes représentent Sidi Ahmed Benyoucef comme un homme de grande taille, avec une longue barbe qu'il tressait et qu'il dénouait quand il était irrité. Contrairement à beaucoup de saints qui prêchaient la sobriété et la réserve, c'était un homme jovial qui appréciait les bonnes choses et aimait jouir de la vie. Il portait un turban, une djellaba et un burnous blancs, il aimait s'asseoir sur les beaux tapis et il appréciait les lits douillets. Il aimait également la bonne nourriture et il se plaisait à dire : «Mes disciples doivent bien se nourrir, ils doivent être comme la cornemuse qui ne résonne que lorsqu'elle est pleine !». Il s'opposait ainsi à un autre saint, Sidi Boumediene qui, lui, recommandait à ses disciples de se priver de tout et d'être maigres comme des flageolets pour glorifier le nom de Dieu ! On connaît aussi des saints orientaux qui se privaient de tout, y compris de nourritures, parce qu'ils croyaient, en étant ainsi, être agréables à Dieu. Or, dans la logique de Sidi Ahmed Benyoucef, si Dieu a créé tant de bonnes choses, c'est pour que l'homme en profite ! Laisserait-on les fruits pourrir sur les arbres ? Et toutes ces bêtes qui fournissent de si succulentes viandes… Le péché, ce serait de ne pas en jouir, bien entendu en toute licéité et sans goinfrerie ni gaspillage.