Résumé de la 1re partie Trop triste pour réaliser l?incongruité de la situation, Bon-Ali répond à la grenouille en lui racontant son problème. «Hé ! Quoi ! Quoi ! Bon-Ali, jette-le dans l'eau. Dans l'eau, près de moi, quoi !» Il ne fait ni une ni deux : il jette le chanvre dans l'eau, près de la grenouille couleur d'espérance, puis rebrousse chemin et revient tout droit chez lui. Quelques jours plus tard, la mère fait appeler ses fils et leur dit : «Il est temps. Allez quérir votre fil. Vos fiancées doivent avoir achevé l'ouvrage.» Ali et Pas-Ali partirent d'un pas leste et joyeux parce qu'ils étaient tous les deux pleins de confiance. Bon-Ali, la tête basse et l'air songeur, se rendit tristement au bord de l'étang où, sans penser à rien, il attendit en poussant de grands soupirs et des gémissements. «Quoi ? Quoi ? dit aussitôt la grenouille couleur d'espérance, Bon-Ali, qu'as-tu ? Quoi ?» En sautant, en sautillant, elle lui montra une jolie pelote déposée avec soin sur l'herbe, au bord de l'étang, puis elle disparut au fond de l'eau. Bon-Ali ne savait que dire ; il ramassa la pelote sans penser à rien et revint à la maison. Les trois frères se présentèrent ensemble à leur mère en lui disant : «Mère, voici le fil.» La mère commença par examiner minutieusement les deux pelotes de Ali et de Pas-Ali et déclara qu'elles étaient l'une et l'autre magnifiques et qu'on ne pouvait dire laquelle était la plus belle. Mais lorsqu'elle eut examiné à son tour celle de Bon-Ali, elle se mit à pousser des cris d'admiration qui n'en finissaient plus, déclarant que le fil était si doux, si fin, tellement uni, si blanc, si solide et si souple que celui des deux aînés, comparé à celui de Bon-Ali, ressemblait à de la filasse. Au diable, la filasse ! Voyant que leur mère allait donner à Bon-Ali son plus beau château parce que sa fiancée semblait être la meilleure filandière, Ali et Pas-Ali lui dirent : «Mère, il ne suffit pas, pour qu'une femme soit parfaite, qu?elle sache merveilleusement filer ; ne faut-il pas aussi qu'elle sache bien faire la cuisine et la pâtisserie pour fournir à la table des pâtés de gibier ou de chapon, et les tartes et gâteaux de toute sorte ?» La mère en convint, déclarant qu'une bonne table avait toujours fait une bonne maison ; elle accorda donc une seconde épreuve pour fixer définitivement le sort de son beau château. Les trois frères s'en allèrent comme la première fois et revinrent en apportant de la pâtisserie, de même qu'ils l?avaient fait avec le fil, Bon-Ali se trouvant encore servi par la grenouille de l'étang. Pâtés et gâteaux de Ali et Pas-Ali furent trouvés délicieux, mais que dire de ceux de Bon-Ali ? C'étaient de si étonnantes merveilles qu'après en avoir goûté, la mère déclara que la pâtisserie des deux aînés n'était que du «miasme». Au diable le miasme ! (à suivre...)