Résumé de la 1re partie n Monsieur Grenouille traite son ami Eléphant de baudet auprès des belles que tout les deux courtisent... Alors Eléphant a vu rouge. Il a fulminé, tempêté, il est parti en fouettant de la queue. Les rires des demoiselles l'ont escorté loin dans la brousse ; il se sentait petit, tout petit, bien plus petit que Grenouille. Le lendemain matin, il est parti à la recherche de son ami. Il l'a cherché partout, partout, et pour finir il l'a trouvé qui batifolait dans le fleuve. Grenouille l'a appelé, tout joyeux : — Hé, salut, vieux ! Viens, elle est bonne ! On fait la course ? Mais Eléphant n'a pas pipé. Il a allongé la trompe et tiré Grenouille hors de l'eau. Et il l'a laissé tomber. Flop ! dans les herbes. Il a penché vers lui son grand front et lui a dit sans bégayer, encore tout frémissant de colère : — Dis voir un peu, microbe ! C'est vrai que tu as raconté aux filles que je te servais de baudet ? Grenouille a sauté sur ses pieds. — Quoi, quoi ? Qu'est-ce que tu me chantes là ? Eh, calme-toi, vieux, calme-toi ! (Il s'avançait, poings en avant, l'air menaçant.) Répète un peu, voir ! On n'accuse pas les gens comme ça, quoi ! Eléphant a reculé d'un pas. Son ami l'impressionnait. Il a voulu arranger les choses. — Bon, bon, ça va, demi-portion. Mais c'est ma bien-aimée. Elle a dit que tu avais juré que je tenais lieu de baudet ! — Quelle idée ! C'est de la folie. Tiens, viens avec moi, vieux frère ! Allons de ce pas remettre les choses au point. Grenouille est parti en avant, mais il s'est bientôt retrouvé à la traîne. Eléphant était pressé d'aller régler l'affaire, mais d'un autre côté, ce n'était pas la peine d'arriver là-bas seul. Alors il a marqué le pas pour attendre Grenouille. — Alors, quoi, moustique, tu te dépêches ? Grenouille l'a rattrapé enfin, traînant la patte, à bout de souffle. — Oooh, cette piste ! Et j'ai dû me prendre une écharde dans le pied. Ma pauvre patte ! Elle n'en peut plus. Pas question de te suivre, vieux. Je rentre à la maison, il faut que je me soigne. — Hein, quoi ? a tonné l'éléphant. Tu ne vas pas renoncer maintenant, moucheron ! Ecoute, les filles vont te le soigner, ton pied. Dès que notre affaire sera réglée. Allez, tiens, grimpe sur mon dos. Au moins, nous arriverons ensemble. Il n'y en a plus pour longtemps. — Oh, merci, vieux, tu es bien brave, mais je ne voudrais pas abuser. Si je te pèse un tant soit peu... — Ne dis donc pas de bêtises. Alors Grenouille n'a fait qu'un bond sur le dos de l'éléphant. Le dos d'un éléphant, c'est large – le grand confort pour voyager – et la piste ne cahotait guère. Pourtant Grenouille ballottait de-ci, de-là, et il lançait les pattes en tous sens comme pour se retenir de tomber. Bientôt il a crié dans l'oreille de son ami : — Vieux frère ! Eh, vieux frère ! A ce train-là, ce n'est pas seulement mal à une patte que j'aurai en arrivant, mais mal partout, si je suis encore de ce monde ! Il me faudrait des rênes, que je puisse m'y cramponner ! Eléphant a fait halte, il s'est agenouillé, Grenouille a sautillé à terre. Eléphant était pressé, il a aidé son ami à arracher trois longues lianes à un vieux figuier banyan. Grenouille a tressé les lianes pour en faire une bonne corde, qu'il a passée comme un mors en travers de la bouche de l'éléphant. Après quoi, toujours boitillant, il est remonté sur son dos. (à suivre...)