Cela a été dit et répété : les cancéreux algériens vivent un enfer. Leur situation scandaleuse a fait couler beaucoup d'encre et a suscité moult réactions, sans changer pour autant. Il est peut-être temps que la longue nuit de ces malades prenne fin. Pour cela, il est impératif de mettre le doigt avec précision sur les failles pour les combler. Et c'est ce que fait le chef de service oncologie au Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger (CPMC). C'est ce qu'a affirmé ce mardi matin le chef de service oncologie au Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger (CPMC). Il y a une année déjà, ce même Pr Kamel Bouzid tirait la sonnette d'alarme quant à la mauvaise prise en charge des cancéreux dans notre pays. Qu'en est-il aujourd'hui ? «La situation s'est nettement améliorée en terme de fourniture de médicaments particulièrement les plus chers sur le marché. En tout cas dans le service que je dirige et dans certains autres services des autres régions du pays, nous n'avons pas de manque de médicaments», a-t-il assuré ce mardi matin. Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le chef de service oncologie au Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger, a affirmé que la situation a sensiblement changé depuis janvier-février de l'année en cours. Il a, dans cette optique, cité les femmes atteintes de cancer du sein qui «disposent depuis, d'un traitement complet». Cependant, s'est-il lamenté, «la situation s'agissant de la radiothérapie, est au même stade et ce malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics en terme d'acquisition de matériels et de construction de nouveaux centres anticancéreux». «Nous sommes dans une situation pire que celle d'octobre 2011. Les rendez-vous, là où j'exerce, sont fixés pour septembre 2013. A Oran, ils sont fixés pour janvier 2014 et à Constantine les machines sont carrément à l'arrêt. Trois accélérateurs achetés ne sont toujours pas opérationnels pour des raisons purement bureaucratiques », a-t-il révélé. Où se situe donc la faille ? La réponse est claire pour l'invité de la chaîne III. Selon lui, «le problème est global, il va de l'acquisition du matériel jusqu'à la formation des personnels et pas seulement les médecins thérapeutes, mais aussi des radio-physiciens, des manipulateurs et des gestionnaires». «Ce qui aurait dû se faire depuis 2006, n'a pas encore été fait pour des raisons, que moi personnellement, j'ignore», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Quand la décision de construire de nouveaux centres a été prise en 2006, il fallait également songer à former les personnels y exerçant. Maintenant, on nous promet des solutions pour 2014 et espérons que l'effort consenti sera aussi humain que financier. Nous souhaitons vivement avoir de nouveaux centres qui viendront diminuer la pression sur ceux déjà existants car, sur les 44 000 malades cancéreux recensés chaque année, 28 000 d'entre eux nécessitent une radiothérapie et il n'y en a que 20 000 qui sont traités et les 8 000 restants sont toujours sur une liste d'attente», a encore soutenu le chef de service oncologie au CPMC d'Alger. «Hélas, ceux qui se font soigner, le font selon leur statut social», a-t-il ajouté notant dans la foulée. Les malades ayant les moyens dépensent une moyenne d'un million de dinars dans des hôpitaux turcs, tunisiens, marocains et français. «Ceux n'ayant pas ces moyens, attendent désespérément un rendez-vous. Face à une maladie comme le cancer, nos concitoyens sont démunis. C'est ce qui est le plus scandaleux. Pis : dans certaines régions du pays, bon nombre de malades sont inscrits sur des listes d'attente y compris pour les médicaments», a dénoncé le Pr Kamel Bouzid. L'Algérie a enfin son premier mammobile C'est un véritable espoir pour des milliers de femmes que représente le «mammobile» (Centre mobile pour le dépistage du cancer du sein), le premier du genre acquis en Algérie, sous l'impulsion de l'Association El Amel-CPMC d'aide aux malades cancéreux. Techniquement, le mammobile est un camion mobile équipé d'un mammographe et d'un matériel dernière génération. Les femmes atteintes du cancer du sein peuvent enfin respirer. Il sillonnera nos villes à partir du 15 décembre prochain.