Résumé de la 102e partie - Roger se réjouit de l'arrestation de Brenda et de Laurence... Je sais, ma chérie, mais tu ne peux pas comprendre. Ce n'était pas ton père ! C'était mon père et je l'aimais ! Tu comprends ? Je l'aimais. — Si je ne te comprends pas, après ça ! Plaisantant à demi, Roger poursuivit : — La vérité, Clemency, c'est que tu manques d'imagination. Suppose que ce soit moi qui ai été empoisonné... Je vis battre les paupières de Clemency. — Même pour rire, je ne veux pas que tu dises des choses comme ça ! Il sourit. — Très bien ! Je n'insiste pas. D'ailleurs, chérie, dans quelque temps, nous serons bien loin de tout ça ! Nous nous remîmes en route, tous les quatre, vers la maison. Roger et Sophia marchaient devant. Je formais l'arrière-garde avec Clemency. — Croyez-vous, me demanda-t-elle, que maintenant on nous laissera partir ? — Vous êtes si pressés de vous en aller ? — Je n'en puis plus ! Je la regardai, surpris. Elle soutint mon regard avec un pauvre sourire. — Vous ne vous êtes donc pas aperçu, Charles, que je ne cesse pas de me battre ? Pour mon bonheur et pour celui de Roger. J'ai eu si peur que sa famille ne finisse par le persuader de rester en Angleterre et que nous ne nous retrouvions en définitive englués de nouveau avec tous les autres, paralysés par mille liens que j'abomine ! Je craignais que Sophia ne lui offrît une rente, qui l'aurait décidé à ne pas quitter l'Angleterre. À cause de moi, bien entendu. Du confort, des facilités, dont il s'imagine que j'ai besoin. L'ennui, avec Roger, c'est qu'il n'écoute jamais ce qu'on lui dit. Il se met des idées dans la tête... et ce ne sont jamais les bonnes ! Il ignore tout et il est trop Leonidès pour ne pas s'imaginer que le bonheur d'une femme dépend de son mobilier et de l'argent qu'elle peut dépenser. Mais, mon bonheur, je le veux et je l'aurai, quel que soit le combat à livrer ! J'emmènerai Roger loin d'ici et je lui donnerai l'existence qui lui convient, une vie où il n'aura pas le sentiment qu'il lui est impossible de rien réussir ! Roger est à moi et nous fuirons l'Angleterre, et le plus tôt possible ! Elle parlait très vite, d'une voix étouffée, dont l'accent était par instant comme désespéré. Je l'écoutais avec surprise. Elle était à bout. Je ne m'en rendais pas compte auparavant, pas plus que je n'avais deviné l'exaspération de cet amour exclusif qu'elle portait à Roger. Assez curieusement, cette remarque me remit en mémoire un propos d'Edith de Haviland, laquelle m'avait dit un jour, d'un ton tout particulier, qu'elle aimait les siens sans, toutefois, aller «jusqu'à les idolâtrer». Ce disant, était-ce à Clemency qu'elle pensait ? Une voiture s'arrêtait devant le perron. — Tiens ! m'écriai-je. Voici Joséphine qui nous revient ! (A suivre...)