Résumé de la 95e partie - A la fin de la lecture du testament – Aristide Leonidès a quasiment tout légué à Sophia –, Magda se répand en un flot de paroles... Allant vers Sophia, elle ajouta, impérative : — Sophia, il faut que tu fasses quelque chose pour Roger ! Clemency avança d'un pas. — Il n'en est pas question. Roger ne demande rien. Rien du tout ! Roger s'était levé, lui aussi, pour aller à Sophia, à qui il avait gentiment pris les deux mains. — C'est exact, ma chérie ! Je ne veux pas un sou. Dès que cette histoire aura été tirée au clair ou qu'elle sera classée, ce qui me paraît beaucoup plus probable, Clemency et moi, nous nous en irons vers les Antilles et la vie toute simple que nous souhaitons, elle et moi. Si jamais il arrivait que je ne puisse faire autrement, je ne manquerai pas de faire appel au chef de famille, mais, tant que je n'en serai pas là, je ne demande rien ! Il avait achevé avec un bon sourire. Une voix inattendue s'éleva : celle d'Edith de Haviland. — Tout cela est fort bien, Roger, mais il vous faudrait pourtant songer aux apparences ! Supposons que banqueroutier, vous vous en alliez à l'autre bout du monde, sans que Sophia ait rien fait pour vous venir en aide. Croyez-vous que l'événement ne suscitera pas bien des commentaires désagréables pour Sophia ? — En quoi l'opinion des gens nous intéresse-t-elle ? Clemency posait la question d'une lèvre dédaigneuse. — Nous savons qu'elle vous indiffère, Clemency ! répliqua Edith de Haviland avec vivacité. Mais Sophia, elle, vit dans le monde des vivants. Elle est intelligente, elle a du cœur, je suis sûre que le vieil Aristide a eu parfaitement raison de la choisir pour jouer désormais le rôle de chef de la famille, mais je suis aussi convaincue qu'il serait grand dommage qu'elle ne se montrât point très large en la circonstance et qu'elle laissât Roger sombrer, sans avoir rien tenté pour le sauver ! Roger alla à sa tante, lui jeta les bras autour du cou et l'étreignit. — Tante Edith, vous êtes un amour... et un rude combattant, mais vous ne comprenez pas ! Clemency et moi, nous savons très bien ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas ! Clemency, debout, les pommettes très roses, regardait les autres d'un air de défi. — Aucun de vous ne comprend Roger, lança-t-elle. Vous ne l'avez jamais compris et j'imagine que vous ne le comprendrez jamais !... Viens, Roger ! Allons-nous-en ! Ils sortirent. Mr Gaitskill rangeait ses papiers. Son attitude laissait clairement entendre que ce genre de scènes n'avait pas son approbation. Je regardai Sophia, debout, près de la cheminée, très droite, le menton haut, les traits calmes. Elle était, depuis un instant, l'héritière d'une immense fortune, mais ce n'était pas à cela surtout que je pensais. Je songeais à la solitude où elle se trouvait maintenant. (A suivre...)