Résumé de la 103e partie - Je ne m'en rendais pas compte auparavant, pas plus que je n'avais deviné l'exaspération de cet amour exclusif que Clémentine portait à Roger... Suivie de sa mère, l'enfant descendait de l'auto. Elle avait un bandeau sur le front, mais, pour le surplus, semblait se porter le mieux du monde. Tout de suite, elle dit : — Il faut que j'aille voir mon poisson rouge ! Elle se mettait en route vers le bassin. Sa mère la rappela. — Tu ne crois pas, ma petite chérie, qu'il vaudrait mieux, d'abord, aller t'étendre un peu, te reposer... et, peut-être, manger une bonne soupe qui te donnerait des forces ? Joséphine ne se laissa pas convaincre. — Ne vous en faites pas, maman ! Je me sens très bien... et j'ai horreur de la soupe ! Je savais que Joséphine aurait pu quitter l'hôpital depuis quelques jours déjà et que, si on l'y avait gardée plus longtemps qu'il n'eût été nécessaire, c'était sur la discrète recommandation de Taverner, qui, soucieux de ne point lui faire courir de risques, préférait ne pas voir l'enfant de retour à «Three Gables» avant que les assassins présumés n'en fussent éloignés. — L'air ne peut pas lui faire de mal, dis-je à Magda. Je la rejoins et j'aurai l'œil sur elle ! J'arrivai au bassin en même temps que Joséphine et j'engageai la conversation. — Il s'est passé toutes sortes de choses durant votre absence ! Elle ne me répondit pas. De ses yeux de myope, elle regardait les poissons. — Je ne vois pas Ferdinand, dit-elle. — Ferdinand ? Lequel est-ce ? — Celui qui a quatre queues. — C'est une variété amusante. Pour ma part, j'aime bien celui-ci, qui est d'un beau jaune doré. — Il est d'une espèce bien commune ! — En tout cas, je le préfère à cet autre, qui a l'air d'être mangé aux mites ! Joséphine me lança un coup d'œil plein de mépris. — C'est un «chebunkin» ! Il vaut très cher... J'essayai de parler d'autre chose. — Ça ne vous intéresse donc pas de savoir ce qui s'est passé ici, Joséphine, pendant que vous n'étiez pas là ? — J'ai idée que je suis au courant. — Vous savez qu'on a découvert un autre testament et que c'est à Sophia que votre grand-père a laissé toute sa fortune ? Elle hocha la tête, l'air excédé. — Maman me l'a dit. D'ailleurs, je le savais ! — On vous l'avait dit à l'hôpital ? — Non. Ce que je veux dire, c'est que je savais que grandpère laissait tout à Sophia. Du reste, il le lui avait dit. Tout de suite, elle ajouta : — Nannie est furieuse quand elle me prend à écouter aux portes. Elle dit que c'est une chose qu'on ne fait pas quand on est une petite dame. — Elle a tout à fait raison. Joséphine haussa les épaules. — Des dames, aujourd'hui, il n'y en a plus ! La radio l'a encore dit, l'autre jour... Je passai à un autre sujet. — Dommage que vous ne soyez pas revenue un peu plus tôt ! (A suivre...)