Scène - Le Théâtre régional de Béjaïa a abrité vendredi, une soirée spécialement italienne : trois spectacles en une soirée. Le public a été gratifié de trois expériences théâtrales différentes les unes des autres. La première avait pour titre Jour 177. C'est l'histoire (vraie) de Joahn Georg Elser qui a tenté d'assassiner Adolph Hitler. Mais l'opération a mal tourné et l'auteur de cet acte est jeté dans un camp de concentration à Dachau. La pièce consistait en un jeu impliquant sur scène un seul comédien. Le jeu est expérimental : il convoque une pratique, voire une forme d'expression théâtrale inhabituelle. La pièce est jouée par Marcello Serafino et mise en scène par Lucia Falco. Le comédien se fie à l'intuition, composant par le simple fait d'improvisation, son jeu et ce, au fur et à mesure du déroulement de la pièce. L'originalité de la pièce tient dans la démarche théâtrale entreprise par le metteur en scène et par le comédien, c'est-à-dire dans le ton, l'aspect et le caractère qui lui sont donnés. Tout est dans la gestuelle ; celle-ci est fortement soutenue, approfondie par l'effet sonore qui est exceptionnel et aussi par le jeu de lumière qui est subtil et métaphorique. Ces deux éléments confèrent à la mise en scène plus de texture, de contenu... Le jeu est dense et intense. Il se veut vraiment expressif tant l'interprétation se révèle saillante et captivante par la manière dont l'expression scénique est présentée. Celle-ci est, soulignons-le encore, travaillée en profondeur par le son (musique) et la lumière. Lumière et effet sonore prennent un sens selon les situations scéniques structurant le jeu. C'est de ces deux composantes scéniques que le jeu en soi prend forme, tire toute sa quintessence dramaturgique, et évolue d'une façon évidente et naturelle. Le jeu est aussi basé sur l'expression corporelle, ce n'est pas de la danse ou une chorégraphie. Il s'agit d'une expression libre et instantanée du corps. La deuxième partie du spectacle est un conte joué par Luca Radaelli. Il a pour titre Pêches miraculeuses. C'est un conte sur un épisode pendant la Seconde Guerre mondiale. Le jeu du comédien est renforcé par la lumière et la musique. Le jeu, au niveau du texte, est prolixe : le comédien abonde dans la parole et ne lésine pas sur la gestuelle. La mise en espace du conte se faisait en italien et, par intervalle, en français. Le jonglage linguistique se fait aisément et est complémentaire. En plus, l'on n'avait pas besoin de comprendre ce qui se disait, puisque l'important résidait dans le jeu scénique du comédien et ce qui l'accompagne. En fait, le texte s'avère un prétexte pour dire le théâtre. Italiane est l'intitulé de la performance scénique jouée par Carmela Calanimo et Faderica Fiorillo, et à laquelle ont été associés les étudiants du master class, celui-ci a été initié au profit des jeunes amateurs du théâtre de Béjaïa. Ces étudiants collaborent à la définition d'un jeu scénique, voire d'une scène chorale selon la plus ancienne tradition du théâtre classique. Le jeu, qui était minimaliste, associe langage théâtral et musique. C'est un jeu composite. La pièce raconte l'histoire d'une femme italienne pendant les années 1950, une femme qui a vécu la Seconde Guerre mondiale et qui aspire à vivre son émancipation.