Photo : Sahel De notre envoyée spéciale à Béjaïa Wafia Sifouane
Toujours dans le cadre de la tenue de la 4e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (Fitb 2012), le public du théâtre de la ville a eu droit, vendredi dernier, à une soirée 100% italienne, regroupant trois spectacles différents qui nous ont dévoilés de nouvelles formes théâtrales auxquelles le public algérien n'est pas habitué.La première pièce est intitulée Jour 177. Le rideau se lève. Une ambiance angoissante règne sur la scène où des chaises sont empilées les unes sur les autres. Un boum retentit et le comédien, caché sur le tas de chaises, apparait. Joué en français, le monologue a du mal à démarrer. Mais le public reste très concentré sur le comédien hors pair qui enchaînait les déguisements d'une manière spectaculaire. Jour 177 est une œuvre qui raconte l'histoire de Joahn George Elser, l'homme qui a tenté d'assassiner le tyran Adolph Hitler. Une opération ratée et qui lui a valu d'être envoyé directement dans le camp de concentration de Dachau. Interprété par Marcello Serafino et mis en scène par Lucia Falco, ce spectacle propose une nouvelle forme de théâtre où c'est l'expression corporelle qui est utilisée comme premier langage. Le jeu du comédien est si intense que le texte devient accessoire. Terré dans son camp, le personnage dira toute l'horreur des camps de concentration et son malaise. Le public fort impressionné a chaleureusement applaudi chacune des performances du comédien. La composition de la musique du spectacle a aussi joué un grand rôle ainsi que le jeu de lumière, subtil mais fort imposant. Pour le second spectacle, il s'agit d'un conte raconté par Luca Radaelli. Intitulé Pêches miraculeuses, il se penche sur un épisode de la Seconde Guerre mondiale. Tel que le premier, les effets sonores et les lumières sont très accentués. Jonglant avec la langue italienne et française, le conte peut générer des interprétations mixtes, le conteur ne fait pas dans la traduction mais enchaine directement. Cependant son jeu scénique se passe de tout texte tant il est consistant, là, encore une fois, le texte devient accessoire. Pour le 3e spectacle intitulé Italiana, il s'agit d'une performance scénique de Carmela Calanimo et Faderica Fiorillo, et à laquelle ont été associés les étudiants issus d'un master-class initié au profit des jeunes amateurs du théâtre de Béjaïa. Ces étudiants ont eu dans ce spectacle à collaborer à la définition d'un jeu scénique, voire d'une scène chorale, selon la plus ancienne tradition du théâtre classique. Le jeu, qui était minimaliste, associe langage théâtral et musique. La pièce raconte l'histoire d'une femme italienne, les années 1950, qui a vécu la Seconde Guerre mondiale et qui aspire à vivre son émancipation.Malgré la difficulté de comprendre la langue et à surpasser les lenteurs observées dans ces trois spectacles minimalistes appartenant au genre expérimental, le public a beaucoup apprécié de voir les Italiens à l'œuvre, même si ils ont eu à faire des pieds et des mains pour avoir droit à un siège dans la grande salle du théâtre.