Comme pour d'autres questions d'intérêt général, les hommes de religion sont appelés à jouer un rôle important dans la sensibilisation aux droits de cette frange fragile de la société et sa protection. C'est dans cette optique que le réseau Nada et l'Association des oulémas musulmans algériens ont convenu de coopérer pour rapprocher leurs interprétations de la convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par l'Algérie en 1992. A la recherche d'une coopération effective et d'une implication renforcée des hommes de religion, Nada a ainsi fait appel à l'Association des oulémas musulmans algériens pour une réflexion commune sur les droits de l'enfant. «Nous avons besoin de trouver un terrain d'entente et une perception rapprochée de la Convention internationale des droits de l'enfant», a indiqué le président du Réseau national pour la défense et la promotion des droits de l'enfant (Nada), hier samedi, en marge d'une rencontre débat organisée conjointement avec l'Association des oulémas musulmans algériens. Il n'est plus permis d'«avoir des interprétations contradictoires de certaines situations auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement», a ajouté Abderahmane Arrar président du réseau Nada, qui appelle à «un travail durable» et à un engagement de la part des oulémas à travers des campagnes de sensibilisation sur ce sujet. Ces derniers sont également sollicités pour répondre à d'autres questions aussi «inquiétantes» que celles liées aux mères célibataires et des enfants nés sous X et dont le nombre est estimé à 3 000 naissances par an, selon Nada. Il s'agit par ailleurs de coordonner les efforts de ces deux organismes pour améliorer la situation des 9 000, voire des 11 000 mineurs qui se présentent chaque année devant les tribunaux, alors que certains ne dépassent pas les 13 ans. Dans son plaidoyer, M. Arrar n'a pas omis de rappeler le nombre effarant de divorces enregistrés annuellement en Algérie. «41 000 divorces sont prononcés chaque année», affirme-t-il comme pour attirer l'attention de l'assistance sur ce que pourrait être la situation de la génération née de ces divorces dans un avenir proche. Pour Nada, le nombre d'enfants vivant dans des familles monoparentales est en constante augmentation et pourrait constituer une menace pour la cohésion de la société. Ces statistiques sont une illustration édifiante de la mutation de la société algérienne et c'est la raison pour laquelle le réseau a invité l'Association des oulemas à réfléchir à une démarche commune pour lutter contre ces fléaux qui prennent de l'ampleur. «On a fait appel aux spécialistes pour une réflexion conjointe car la loi ne suffit pas à elle seule. Il faut un travail de fond pour trouver des solutions appropriées devant le changement que connaît la notion de la famille qui doit rester en cohésion avec notre identité», estime l'orateur. Nada dit avoir besoin d'être accompagné par d'autres acteurs dans son combat pour la défense des droits des enfants et la préservation de l'identité musulmane de la société algérienne. Dans ce cadre «seuls les hommes de religion et les théologiens peuvent répondre à des questions aussi délicates que l'affiliation des enfants nés sous X car l'important est de convaincre avec nos valeurs», explique l'initiateur de cette rencontre Pour sa part, le Dr Amar Talbi de l'Association des oulémas algériens est revenu sur l'importance de la préservation de la vie en vertu de plusieurs récits coraniques et hadiths et sur le rôle de l'Etat à veiller sur l'application des lois. Il a, à cet effet, insisté sur la nécessité de traduire par des actions concrètes les lois existantes. Le Dr Talbi a, en conclusion, émis le souhait de voir les défenseurs des droits de l'enfant agir et ne pas «se confiner au niveau de la réflexion».