Histoire - Kamel Zouaoui est un Français d'origine algérienne. Il a présenté dans le cadre du Festival international du théâtre de Béjaïa, un spectacle, un conte théâtralisé, autour du légendaire Djoha. Kamel Zouaoui est un conteur passionné de Djoha, un personnage mythique dans la culture populaire arabe. Ce personnage qui, à travers ses aventures burlesques et insolites et à travers ses excentricités hilarantes et qui sortent de l'ordinaire, devient, à lui seul, une parabole. Une référence culturelle, philosophique. Il est une lecture de l'homme, de sa nature et de son comportement en société. A la question de savoir pourquoi tant de passion pour ce personnage à la fois excentrique et exceptionnel, Kamel Zouaoui répondra : «Je ne sais pas. Je crois que c'est lui qui m'a choisi. Il y a une telle sagesse dans Djoha que, quand on comprend bien le contenu de ses actes et dires, on est immédiatement saisi par le bon sens extraordinaire de ses histoires.» L'originalité du travail de Kamel Zouaoui tient dans la simplicité de la scène. «Tout est basé sur la parole, il n'y a pas de musique», souligne-t-il, et d'expliquer : « ça vient du goual où le conteur épouse les personnages, mais mon parti pris dans le travail, c'est de ne pas trop habiller la scène, pour permettre l'imaginaire. Les mots suffisent pour faire travailler l'imaginaire, et il me semble important de susciter l'imaginaire.» Récemment, Kamel Zouaoui a présenté son spectacle en Nouvelle Calédonie. «J'ai présenté mon conte en Nouvelle Calédonie», dit-il, et de renchérir : «Là-bas, j'ai rencontré des Algériens qui sont des descendants des déportés. Et j'ai été très touché par l'amour extraordinaire qu'ils ont pour l'Algérie. Lorsque je suis venu pour la première fois en Algérie (Kabylie), j'ai pris un caillou dans le jardin de mon arrière-grand-mère, et je me suis dit qu'avec ce caillou je suis invincible, parce que, avec ce caillou, je savais d'où je venais. Et quand j'étais en Nouvelle Calédonie, j'ai eu un tel coup de cœur avec les rencontres que j'ai faites, que j'ai donné mon caillou à ces Calédoniens d'origine algérienne. C'était très symbolique (le caillou ne vaut rien, il vaut tout), et en échange, ils m'ont donné un caillou que je vais déposer ici en Algérie.» A savoir si le conte a sa place aujourd'hui dans les sociétés modernes, Kamel Zouaoui dira : «Je pense qu'il y a du conte partout où il y a des gens. Ensuite, l'ennui, c'est quand les gens arrêtent de conter. Il ne faut pas arrêter de se raconter des histoires, car dans les histoires il y a du patrimoine, et dans le patrimoine, il y a du sens, et dans le sens il y a du vivre ensemble, et quand on perd le sens, on se perd.» - Les sociétés modernes sont tournées de plus en plus vers les nouvelles technologies et vers les nouveaux supports de médias (Internet), d'où la question : «Est-ce que les nouvelles technologies n'ont pas fait perdre la tradition du conte ?». A cela, Kamel Zouaoui répond : «Je pense qu'en tant que conteur il faut s'adapter à ces nouvelles technologies, c'est-à-dire il faut vivre dans son temps, et ce qu'on a aujourd'hui peut nous servir : le patrimoine oral, on peut l'enregistrer, se le partager.» Et d'enchaîner : «Ne soyons pas tous les mêmes, ne devenons pas un seul, comme la mondialisation le souhaiterait, mais devenons chacun avec son patrimoine, armé pour avancer dans le temps, car c'est avec son histoire qu'on avance.» Soulignons que Kamel Zouaoui est à l'affiche d'un film. A ce propos il dit : «J'ai eu la chance de jouer récemment dans un film de Rachid Djaïdani : Rengaine». Ce film a eu le prix de la critique internationale à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. C'est un film très intéressant dans la mesure où il est focalisé sur les minorités, c'est-à-dire le racisme intercommunautaire. Il sort en France le 14 novembre et il va faire débat de par son intelligence. Une tournée en Algérie est prévue pour l'année prochaine.»