Toujours présentée comme le socle de l'édifice des institutions de l'Etat, l'APC est branlante. Les avis convergent pour affirmer que la gestion des mairies laisse à désirer : manque flagrant de qualification des élus, état des finances et des ressources des plus chaotiques, incapacité à répondre efficacement aux besoins réels des administrés, sans oublier cette propension de certains élus à faire dans la malversation... «1 249 communes sont déficitaires ce qui représente un taux de 74 % par rapport au total des communes du pays», a ajouté, l'invité du Forum d'El Moudjahid. «En dépit des moyens financiers mis à la disposition des communes par l'Etat, 1 249 sont retombées dans le problème de l'endettement en ce premier semestre 2012», a affirmé M. Serraï. En 2006, l'Etat a racheté toutes les dettes des communes déficitaires. Sur les 1 541 communes réparties à travers le pays, 1 138 ont bénéficié d'un effacement de dette en 2006. Cela a permis de réduire le nombre de communes sinistrées à 417 en 2009 et à 14 seulement en 2010 et ce, après l'aide financière de l'ordre de 400 milliards de dinars attribuée à une trentaine de wilayas du pays, a-t-il renchéri. Malheureusement toutes ces aides n'ont servi à rien, puisque durant les années 2011 et 2012, le nombre de communes déficitaires a augmenté de façon spectaculaire. Raison pour laquelle, l'expert a qualifié cette situation de «catastrophique». Dans la wilaya de Boumerdès, quatre présidents d'APC ont été suspendus ces deux derniers mois par le wali. La justice leur reproche, entre autres, d'avoir signé des marchés douteux durant la gestion des affaires de leur localité en violation des lois en vigueur. Le conférencier a estimé que le nouveau code de la commune paru en 2011 «n'a pas apporté l'espoir escompté pour beaucoup de communes qui demeurent en difficulté financière». Selon lui, le déficit budgétaire des communes incombe à la mauvaise gestion dont la responsabilité revient en premier lieu aux présidents des communes du fait qu'ils ne disposent pas des qualifications nécessaires pour l'accomplissement de leur mission. Pour preuve, argue-t-il, «50 % des maires n'ont pas le niveau universitaire». Le problème de la distribution de l'argent du contribuable à travers les communes y est pour quelque chose, selon lui. «De grandes communes disposent de beaucoup d'avantages financiers de par leur position géographique». Pour cela, M. Serraï a estimé qu'«il faut revoir les critères fondamentaux pour toute candidature aux élections locales». En outre, il lance un appel en direction des partis pour orienter leurs candidats à occuper des postes selon la spécialité de chacun. Dans ce même sillage, le DG de la sécurité des documents professionnels au ministère de la Justice, M. Si Ahmed a préconisé la nécessité d'une sélection préliminaire du candidat tête de liste par les citoyens dans chaque commune. Cela pourrait sans doute barrer la route aux opportunistes désireux de se porter à nouveau candidats malgré le sinistre bilan qu'ils ont réalisé durant l'ancien mandat, a-t-il fait remarquer.