Débat - Des spécialistes parmi les intervenants ont affirmé que les origines du théâtre algérien sont amazighes car remontant aux cérémonies populaires et autres rituels de la période numide. Le Dr Djamila Mustapha Zeggaï du département des arts dramatiques de l'université d'Oran, a indiqué, à ce propos, lors d'une conférence tenue, hier, en marge du Festival national du théâtre d'expression amazighe qui se poursuit à Batna, que le théâtre algérien qui «plonge ses racines dans la période numide», et s'est perpétué durant la période romaine dans tout le Maghreb comme l'attestent, selon elle, les vestiges de théâtres dans les villes de Sedrata et Timgad (Algérie), de Lebda (Leptis Magna, en Libye), Carthage et Thélepte (Tunisie) et Lulia et Lixus (Maroc). La même universitaire affirme s'accorder avec l'homme de théâtre Omar Fetmouche lorsqu'il considère que le véritable début du théâtre amazigh algérien, sous sa forme moderne, date du milieu des années 1960 avec les pièces radiophoniques diffusées sur les ondes de la Radio nationale par les artistes Hilmi, Chérifa et Djamila. Un autre pionnier de ce théâtre est, ajoute-t-elle, Mohand Ouyahia dit Mohya qui a adapté en langue amazighe plusieurs œuvres de Bertolt Brecht et de William Shakespeare. Les «débuts» du théâtre d'expression amazighe ont été consolidés par les Journées du théâtre amateur, organisées de 1983 à 1985 à Beni Yenni (Tizi Ouzou) par la troupe Amezgoun N'djerdjer, a estimé le Dr Mustapha Zeggaï, notant que la première œuvre professionnelle de théâtre amazigh était intitulée Thenini, signée de l'artiste Mohamed Fellag. Il y a aujourd'hui «urgence» à archiver ce théâtre afin de le préserver de l'oubli, a encore estimé cette universitaire, soulignant que les Journées théâtrales amazighes maghrébines, organisées depuis 2009 à Tizi Ouzou et le Festival national de théâtre amazigh de Batna ont «contribué à relancer ce théâtre». Les participants aux conférences données en marge du festival de Batna, parmi lesquels Omar Fetmouche, dramaturge et directeur du Théâtre régional de Béjaïa, ont également insisté sur la promotion du théâtre amazigh à travers, notamment, l'ouverture de l'université sur ce pan de la culture nationale. Une promotion qui doit s'opérer «non pas seulement par le montage de spectacles, mais aussi par un débat permanent entre spécialistes sur ce qui se réalise», a soutenu, de son côté, Hassan Assous, artiste et directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes qui a évoqué avec «fierté» le rôle qu'il a interprété en 1974 dans la pièce El Kahina, en tamazight, dirigée par le célèbre écrivain et dramaturge algérien Kateb Yacine. Pour le Dr Leïla Benaïcha, de l'université de Sétif et Lotfi Bensebaâ, comédien et directeur du Théâtre régional d'Oum El-Bouaghi, le Festival national du théâtre d'expression amazighe de Batna est un «acquis pour le théâtre national et un espace d'expression idéal pour les artistes». Cette rencontre représente une «véritable pépinière» pour la découverte et le lancement de jeunes talents, a assuré le comédien Djamel Tiar, lauréat du prix de la meilleure interprétation masculine au Festival international de Carthage (Tunisie) en 1993.