Action - Le Pr Messaoud Zitouni a été désigné par le président de la République pour assurer le suivi et l'évaluation du plan national cancer. Il aura également pour mission, de «proposer toutes les mesures utiles à l'effet d'améliorer davantage la qualité des soins et du suivi des patients», selon un communiqué du Conseil des ministres. Les pouvoirs publics reconnaissent-ils enfin la réalité du vécu des cancéreux dans notre pays ? Il est clair que les cancereux vivent l'enfer. Leur situation scandaleuse a fait couler beaucoup d'encre et a suscité moult réactions, sans que les choses évoluent favorablement pour autant. Il est temps de cibler avec précision les failles d'un système de soins et de prise en charge défaillants. Le Pr Kamel Bouzid avait tiré, à chaque fois, la sonnette d'alarme quant à la mauvaise prise en charge des cancéreux. Le chef de service du CPMC, avait assuré récemment sur les ondes de la Chaîne III que «la situation, s'agissant de la radiothérapie, est au même stade et ce malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics en terme d'acquisition de matériels et de construction de nouveaux centres anticancéreux». «Nous sommes dans une situation pire que celle d'octobre 2011. Les rendez-vous, là où j'exerce, sont fixés pour septembre 2013. A Oran, ils sont fixés pour janvier 2014 et à Constantine les machines sont carrément à l'arrêt. Trois accélérateurs achetés, ne sont toujours pas opérationnels pour des raisons purement bureaucratiques», a-t-il révélé. Où se situe donc la faille ? La réponse est claire pour l'invité de la Chaîne III. Selon lui, «le problème est global, il va de l'acquisition du matériel jusqu'à la formation des personnels et pas seulement les médecins thérapeutes, mais aussi des radiophysiciens, des manipulateurs et des gestionnaires». «Ce qui aurait dû se faire depuis 2006, n'a pas encore été fait pour des raisons, que moi personnellement, j'ignore», avait-il souligné. «Quand la décision de construire de nouveaux centres a été prise en 2006, il fallait également songer à former les personnels y exerçant. Maintenant, on nous promet des solutions pour 2014 et espérons que l'effort consenti sera aussi humain que financier. «Hélas, ceux qui se font soigner, le font selon leur statut social», avait-il dit, notant dans la foulée que les malades ayant les moyens dépensent une moyenne d'un million de dinars dans des hôpitaux turcs, tunisiens, marocains et français. «Ceux n'ayant pas ces moyens, attendent désespérément un rendez-vous. Face à une maladie comme le cancer, nos concitoyens sont démunis. C'est ce qui est le plus scandaleux. Pis : dans certaines régions du pays, bon nombre de malades sont inscrits sur des listes d'attente y compris pour les médicaments», avait dénoncé le Pr Kamel Bouzid. De son côté, l'association El-Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer du centre Pierre-et-Marie-Curie n'a cessé de dénoncer particulièrement la pénurie d'anticancéreux pour le traitement des femmes atteintes de cancer du sein. Elle a également dénoncé le manque de centres de radiothérapie pour le traitement de cette maladie. «Il y a actuellement un énorme manque de drogues de chimiothérapie et les centres de radiothérapie sont insuffisants».