A l'occasion de la clôture d'«Octobre rose», le mois de lutte contre le cancer, la présidente de l'association El-Amel a tenu à signaler que la prise en charge des femmes atteintes du cancer du sein ne s'est pas du tout améliorée. Outre la chimiothérapie, la radiothérapie demeure encore inaccessible pour les cancéreuses à travers tous les centres du pays. Elle s'est félicitée des dernières nouvelles mesures prises par le gouvernement, mais elle considère que beaucoup reste encore à faire. «Il est de nos jours inacceptable qu'une femme atteinte d'un cancer du sein, qui est opérée et qui a eu sa chimiothérapie, soit programmée dans une année pour sa radiothérapie. Elle aura tout le temps d'avoir des complications et de récidiver. Des solutions existent, c'est aux pouvoirs publics de penser à les mettre en place», a-t-elle souligné. Par ailleurs, le Pr Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, n' a pas mâché ses mots à la Chaîne III, la semaine dernière, en parlant d'une situation chaotique. «Malgré les efforts des autorités en matière d'acquisition d'équipements et la construction de nouveaux centres anticancéreux, la situation a empiré.» Le spécialiste a déploré le fait que les rendez-vous au CPMC sont fixés à septembre 2013, à Oran à janvier 2014 et à Constantine, les machines sont pratiquement à l'arrêt. «Les trois accélérateurs acquis ne sont pas installés pour des raisons bureaucratiques.» Il a rappelé que le problème est global et date de plusieurs années, «il s'agit d'un problème global, qui va de la construction de bunkers, à l'acquisition d'accélérateurs, à la formation du personnel, tels que les radiothérapeutes, les manipulateurs, les physiciens et les gestionnaires», a-t-il ajouté, en précisant que la question de la maintenance et de l'entretien des appareils a aussi été négligée. Le Pr Bouzid est revenu sur la mauvaise gestion et toutes les défaillances en matière de prise en charge des malades. Il a signalé que sur les 45 000 malades atteints de cancer, 28 000 nécessitent une radiothérapie, mais que seulement 8000 en bénéficient, le reste, donc 20 000, sont délaissés. «Ceux qui ont les moyens vont en Turquie, au Maroc, en Tunisie ou en France pour un coût de 800 000 à un million de dinars pour un cancer de la prostate ou du sein», a-t-il déclaré, alors que «ceux qui sont dépourvus de moyens, qui constituent l'écrasante majorité de nos concitoyens, sont obligés d'attendre des rendez-vous qui vont jusqu'à un an et plus». Une situation insoutenable que vivent les malades, surtout que dans certaines régions, des listes d'attente pour les médicaments sont établies. «Sur quelle base va-t-on traiter une patiente atteinte du cancer du sein et pas sa voisine ?», fulmine-t-il. Selon lui, «cette histoire de liste d'attente est le comble du comble de la médecine. Et pour quelle raison une dame qui a un cancer du sein en août 2010 a plus de chance qu'une dame qui l'a eu en février 2011 ?», s'est-il indigné.