Production fourragère - Les besoins de l'Algérie en produits laitiers sont évalués à 1,5 milliard de litres de lait par an. Le soutien des pouvoirs publics pour la production fourragère s'avère aujourd'hui un impératif. Selon les acteurs du secteur, «la production laitière nationale ne peut, en aucun cas, se développer sans l'augmentation de la production fourragère». C'est un «élément clé pour atteindre l'autosuffisance en lait et sur lequel les pouvoirs publics doivent se pencher et trouver des mécanismes d'aide aux agriculteurs», estiment-ils. Ainsi, sans une bonne alimentation, saine et équilibrée destinée au bétail aucune maîtrise ne saurait se faire en termes de maîtrise des autres facteurs de production, telle la santé animale. Le président du Conseil interprofessionnel du lait (CIL), Mahmoud Benchekor n'a eu de cesse d'alerter sur le déficit en fourrages pour l'alimentation du cheptel, tous types confondus. «Pendant plus de 30 ans, l'Algérie importait des vaches laitières à haut potentiel génétique, qui produisent dans leurs pays d'origine plus de 6 000 litres de lait par lactation, alors que la moyenne nationale n'a jamais dépassé les 3 500 litres. Pour lever cette contrainte, les pouvoirs publics devraient, à son avis, mettre à la disposition des agriculteurs des ressources hydriques nécessaires en mobilisant l'eau des barrages et celle issue du recyclage dont l'Algérie ambitionne de récupérer plus de 600 millions de m3 à l'horizon 2014. En outre, et «afin de permettre l'ancrage des éleveurs professionnels et leur stabilisation dans la filière, l'Etat devrait accorder des aides ‘attractives' s'étalant sur une longue durée», s'accordent à dire nombre d'experts. Dès lors, les soutiens (financiers) qu'accorde actuellement l'Etat aux cultures fourragères sont encore très loin d'être à la hauteur du coût d'irrigation actuel qui a plus que quadruplé ces dix dernières années. Selon ces derniers, 250 000 à 300 000 ha irrigués pourraient produire suffisamment de fourrages pour nourrir 1,5 million de vaches laitières, ce qui donnerait l'équivalent de 7 milliards de litres à raison de 6 000 litres par lactation par an. L'expert et membre de la Fondation «Filaha Innove», Abdelhamid Soukhal, souligne, pour sa part, que «le maïs fourrager et la luzerne sont les deux cultures principales qu'il faut développer et accompagner. Nous devons mettre le paquet sur ces cultures et trouver des mécanismes d'aide de l'Etat qui permettent de créer un système économique de production et de conservation des fourrages», recommande-t-il. Dans l'attente de la parade que réservent les pouvoirs publics à cet état de fait, l'état actuel des étables en Algérie semble être encore loin de réunir les conditions pour des rendements dignes d'exploitations compétitives.