Le conflit qu'on croyait en voie de régularisation, a été remis au goût du jour et de manière violente. Ce matin vers 11 heures, les travailleurs grévistes ont accueilli les cadres mobilisés par Algérie Poste pour répondre aux doléances des clients, avec des jets d'objets et des pièces de monnaie. Mots d'ordre outrageants, jets d'objets sur les guichets et affrontements étaient au menu ce matin, à la Grande-Poste d'Alger ou le rassemblement des postiers a failli tourner au vinaigre. Les cadres dépêchés par la direction générale d'Algérie Poste pour procéder au payement des usagers des chèques postaux déjà pénalisés par 8 jours de grève, ont fait l'objet d'agression par les grévistes à l'aide de souliers, de pièces de monnaie et autres objets sous les youyous des femmes grévistes. Le directeur général ainsi que le secrétaire général de la Fédération des postiers n'ont pas échappé à la colère des grévistes qui les ont accusés de corruption et de vol. Les grévistes qui se sont introduits à l'intérieur des locaux du service des chèques postaux, voulaient aussi s'en prendre au matériel. Et ce n'est que grâce à l'intervention de quelques sages que l'irréparable a été évité de justesse. Pour les cadres qui ont pris du service, «cette grève est illégale. Les protestataires prennent en otage les citoyens, donc sans prévoir un service minimum. Ils n'ont pas pris en considération les centaines de milliers de clients d'Algérie Poste». En se disant privés de leurs droits professionnels, les grévistes considèrent que ceux qui ont pris du service ce matin, sont des traîtres à la solde du directeur général «pour cacher les milliards détournés». «Nous n'allons pas reprendre le travail avant que le directeur général d'Algérie Poste ne soit relevé de ses fonctions pour mauvaise gestion, détournement et corruption», nous dit un groupe d'initiateurs du mouvement de protestation. Les postiers grévistes réclament le départ du directeur général qu'ils «considèrent seul responsable de la situation actuelle prévalant à Algérie Poste». Une situation «qui s'est dégradée à cause des promesses qu'il n'a jamais tenues», selon eux. Arguant, à ce propos, le «blocage du virement des primes des travailleurs». Une situation qui dénote d'une véritable crise de confiance au sein de cette institution sur laquelle plane le risque d'une dégénérescence. Les clients d'Algérie Poste qui se sont armés d'une solide patience en espérant un dénouement heureux dans les meilleurs délais pour pouvoir disposer de leur argent, étaient également partagés. Si devant les jets d'objets vers les guichets, certains ont fui la salle, d'autres voulaient même en découdre avec les grévistes, devant les éléments des services de sécurité plus ou moins passifs. C'est ce qui a fait dire à un citoyen que la «situation est devenue ingérable. Il faudrait que les responsables à tous les niveaux interviennent pour mettre un frein à ce fiasco».