La crise des liquidités vient, à peine, de s'estomper qu'une nouvelle grève rappelle l'enfer de la Poste. Alors que le marasme est à son paroxysme au niveau des bureaux de poste, le ministre de la tutelle et la direction générale diffèrent la réponse aux grévistes jusqu´au 24 juin prochain. Pendant ce temps, la quasi-majorité des bureaux de poste sur le territoire national ainsi que le centre des chèques postaux demeurent fermés aux usagers. La grève continue au grand dam des milliers de travailleurs, fonctionnaires et autres catégories qui s´apprêtent à retirer leur paie en cette fin de mois. Si durant les premiers jours les protestataires ont observé un piquet de grève à guichet ouvert, hier tous les guichets ont été désertés. Aussi, les accès à l´intérieur de la Grande Poste ont été carrément bloqués, a-t-on constaté hier. En grève depuis le 25 mai, les travailleurs d´Algérie Poste n´entendent pas mettre fin à leur débrayage, incitant le ministre à tenir la promesse de prendre en charge leurs revendications. «Nous ne reconnaissons pas le syndicat de l´entreprise qui n´est nullement représentatif, encore moins la Fédération des travailleurs de la poste affiliée à l´Ugta», clament à l´unisson les protestataires. Devant l´absence d´un syndicat réellement représentatif ayant prise sur les grévistes, les travailleurs ont opté pour le système D, depuis le début de leur action. Il est clair que le pacte social et économique se trouve de fait remis en cause. Ainsi, la rupture semble consommée avec la Centrale syndicale qui exclut toute ligne revendicative, tout processus d´autonomisation de l´acteur social, preuve en est que «les postiers gèrent leur débrayage au jour, le jour par téléphone portable», nous confient les grévistes. En l´absence d´un cadre syndical légal digne de ce nom, ni préavis de grève, encore moins le service minimum ne sont respectés conformément à la réglementation en la matière. Non informés sur cette grève, les usagers dont certains sont venus de loin tel le Sud et l´intérieur du pays, n´ont cessé d´affluer vers le centre des chèques postaux. Devant l´absence de préposés aux renseignements, les usagers ne sachant à quel saint se vouer, s´attardent en vain dans les salles d´attente. Déterminés à aller jusqu´au bout, les grévistes de leur côté exigent, comme ils l´ont fait savoir, «ni plus ni moins, la prise en charge immédiate de la plate-forme de revendications», et ce, disent-ils «en préalable à toute fin de leur grève». Par ailleurs, en guise de réaction au mouvement de grève des postiers, un communiqué du ministère de tutelle a été rendu public, après une réunion ayant regroupé le ministre, Moussa Benhamadi, avec les principaux responsables de son secteur, notamment celui d´Algérie poste et le secrétaire national de la Fédération des travailleurs de la poste. Cette réunion a examiné la situation prévalant à Algérie poste suite à l´arrêt de travail. Selon le communiqué, l´échange de points de vue a permis de constater que «certaines revendications ont été déjà prises en charge à travers la signature d´accords collectifs se rapportant notamment au dispositif de la promotion et à la révision de la nomenclature des postes de travail». Concernant l´indemnité de zone, le directeur général du ministère s´est engagé à finaliser, dans les meilleurs délais, le dossier y afférent. En outre, il a été convenu, peut-on lire sur ce même document, «la poursuite des négociations entre les deux parties à l´effet de soumettre les propositions quant à la prise en charge des autres points contenus dans la plate-forme de revendications». Il s´agit de la révision de la grille des salaires, la revendication principale des travailleurs. D´autant plus que cette révision est prévue dans la convention ayant accompagné la conversion de l´entreprise en Epic en 2003. Le réajustement des indemnités liées aux conditions de travail, la création de la prime de risque, le relèvement du taux de l´IEP et le repositionnement des personnels dans les fonctions réellement exercées, sont d´autres points figurant sur la liste des propositions. Enfin M.Benhamadi a instruit le directeur général des postes de procéder immédiatement au retrait des plaintes déposées à l´encontre des grévistes.