- «La paix profonde du désert venue de ce silence innombrable ; elle coule, elle découle de cette vertu de simplification, de normalisation, au plein sens du mot : non pas tout rendre pareil et uniforme, mais rendre normaux les gens et leurs idées, effacer les angoisses, calmer les névroses, permettre à l?homme de chasser le morbide, l?artificiel, l?excessif et de retrouver l?humain à la source de soi.» - «Il est donc bien vrai que dans ces immenses solitudes que doit traverser un homme de la naissance à la mort, il existe quelques lieux, quelques moments privilégiés où la vue d?un pays agit sur nous comme un grand musicien sur un instrument banal qu?il révèle, à proprement parler, à lui-même.» - «J?ai toujours aimé le désert. On s?assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n?entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence?» - «Le désert scintille de signes et de brillance ; il révèle à celui dont la faveur seule explique la prouesse, la liberté du rien.» - «Nous avons vu partout par-là des choses, Monsieur, que l?on ne verrait pas à Paris, même en payant. Ô le désert ! Ô le désert !?» - «Apre terre ; terre sans bonté, sans douceur ; terre de passion, de ferveur ; terre aimée des prophètes ? ah ! douloureux désert, désert de gloire, je t?ai passionnément aimé.» - «Il faut avoir connu ces nuits sahariennes, l?immobilité des roches fauves, tragiquement dressées au-dessus des plaines infinies que la lune inonde de ses reflets bleus, pour comprendre le sens complet du mot silence.» - «Dans nos Saharas, l?espace et le temps permettent aux rares palmiers de s?irradier, et aux sables de garder leur virginité.» - «Le désert seul laisse cette impression d?écrasement, de solitude plus complète, plus vraie qu?on pourrait donner le cloître le plus fermé. Au désert, et au désert seulement, on entend le silence, un silence si intégral qu?il abolit en vous tout embryon de pensée. L?âme, si l?on entend par-là les aspirations, les mouvements du ??moi?? intérieur, vit librement dans cette immensité du silence.» - «Oh ! la douce sensation de se laisser vivre, de ne plus penser, de ne plus agir, de ne plus s?astreindre à rien, de ne plus regretter, de ne plus désirer, sauf la durée indéfinie de ce qui est oh ! la bienheureuse annihilation du moi dans cette vie contemplative du désert !?» - «On éprouve du respect pour ces paysages intacts, qui ne nous ont rien demandé, qui se passeraient bien de notre présence et qui sont là quand même, simplement majestueux.» - «Tout est arrêté. Seul le vent, moissonnant le sable, modèle les dunes. Egrenées comme des perles, elles sont les parures du désert. pures, sans empreintes, leurs courbes harmonieuses inlassablement refaçonnées, elles coulent sur l?âpre paysage qui les entoure.» - «Entre le ciel et le sable, entre le tout et le rien, la question est brûlante. Elle brûle et ne se consume pas. Elle brûle pour elle-même, dans le vide. L?expérience du désert, c?est aussi l?écoute, l?extrême écoute.» - «On dit que le seul élément de mouvement et de vie en ces lieux réputés immobiles et morts, est le vent. Non, l?élément de vie, et tragique, au désert c?est la lumière.» - «Chaque matin, s?éveiller en un point différent du vaste désert. (?) se griser de lumière et d?espace ; connaître, au réveil, l?insouciante ivresse de seulement respirer, de seulement vivre.» - «C?était ici, l?ordre vide du désert, où tout était possible, où l?on marchait sans ombre au bord de sa propre mort.» - «Mais là où personne ne peut vivre, certains hommes, peut-être, peuvent apprendre à vivre.»