Drame Le cancer du sein met six ans pour se manifester et, dans la plupart des cas, cinq ans pour tuer. Dans l'objectif de donner une approche réaliste de la situation des Algériennes atteintes de cette tumeur, nous avons rencontré le Pr Bendib, chef du service sénologie du centre Pierre-et-Marie-Curie, de l'hôpital Mustapha. Cet établissement accueille, quotidiennement, uniquement en consultations, plus de 50 malades, près d'une vingtaine pour les séances de chimiothérapie et autres contrôles. 32 patientes y sont hospitalisées. Des chiffres qui, selon ce responsable, dépassent de loin les capacités d'accueil de ce centre. Cet afflux exceptionnel vers ledit service s'explique, selon le professeur, par le fait qu'un «cancer du sein met environ six ans pour se manifester. Une fois développée et les premiers signes apparus, la femme algérienne attend au moins six mois avant de se faire consulter. A tout ce temps perdu, il faudrait ajouter la période du diagnostic.» Comparativement au centre Pierre et Marie-Curie de France, qui soigne plus de 1 000 patientes par an, le service de sénologie de l'hôpital Mustapha atteint, difficilement, le nombre de 700 malades par an, un chiffre qui est loin de satisfaire la demande sans cesse croissante. «Une différence de taille, ce qui laisse penser que beaucoup d'efforts restent à faire pour atteindre ce stade», juge notre interlocuteur qui ajoutera, néanmoins, que les soins prodigués aux patientes sont identiques à ceux de l'étranger, en dépit des moyens élémentaires dont dispose le Cpmc. «Il faut savoir que nous perdons au minimum cinq mois avant de commencer les véritables soins, en raison du manque de dépistage précoce.» Ce retard n'est, sans doute, pas sans conséquence, puisque, comme l'atteste le professeur Bendib, «près de 70 % de femmes atteintes du cancer du sein en Algérie ne dépassent pas le seuil de vie de cinq ans. Cependant, si on arrive à introduire la culture du dépistage précoce dans notre société, le traitement coûtera moins cher et le résultat n?en sera que meilleur», souligne-t-il. Pour appuyer ses dires, le Pr Bendib certifie que ses patientes arrivent à son service avec une tumeur d'environ 3,5 cm. A un stade aussi avancé, le résultat est rarement garanti. «Contrairerement à nous, aux Etats-Unis, la tumeur est souvent cernée lorsqu'elle ne dépasse pas 1 cm. Ce qui permet, d'ailleurs d'éviter l'ablation du sein», conclut-il.