Corruption - A la suite de l'affaire déclenchée par l'Europol, comment ne pas penser au travail du journaliste canadien Declan Hill, auteur de Comment truquer un match de foot. Il affirmait, il y a quelques années, avoir eu le résultat de 4 matches du Mondial 2006 (Italie-Ghana, Italie-Ukraine, Angleterre-Equateur et Brésil-Ghana) un mois avant qu'ils aient été joués ? «En mai 2006, j'ai assisté à une rencontre entre un Ghanéen et trois truqueurs asiatiques. (...) Deux jours avant le match, un homme très influent dans le crime organisé me garantit que le Ghana va perdre. Par la suite, j'ai fait deux entretiens avec le capitaine ghanéen, Stephen Appiah. Il m'a dit qu'il avait été approché plusieurs fois, et qu'une fois, aux JO 2004, il avait accepté de l'argent pour gagner un match, et qu'il l'avait redistribué à l'équipe». Au départ, si la plupart des grandes organisations criminelles de la planète ont mis le nez dans les paris sportifs, c'est pour blanchir l'argent de la drogue, de la vente d'armes ou de la prostitution. Grande règle dans le monde du crime : faire de l'argent propre, c'est toujours perdre 30 à 40% de son argent sale. Le résultat d'un match de foot repose sur les seules actions d'une poignée de sportifs, souvent jeunes et vulnérables, pour qui perdre un match peut, grâce aux paris, rapporter plus que de le gagner. Le tout est de choisir le footballeur le plus influent – souvent le gardien – et le plus facile à corrompre. Les joueurs, c'est une chose mais corrompre un arbitre, un entraîneur ou un dirigeant de club, c'est encore plus efficace. Les rachats d'équipes de foot par des investisseurs sans scrupules ouvrent l'horizon des possibles. En 2004, l'homme d'affaires chinois Zheyun Ye avait pris le contrôle du club belge de Lierse pour truquer ses matches. Pour corrompre les acteurs du foot, suivre les matches et faire passer les ordres d'en haut, les mafias travaillent avec des petites mains qui vivent en Europe. Dans le dernier scandale en Italie, des joueurs de foot ont joué ce rôle. Pour brouiller l'action des autorités, les mafias collaborent entre elles, s'échangent des informations et des intermédiaires. Par ailleurs, les organisations criminelles n'hésitent pas à faire preuve de beaucoup d'imagination pour s'assurer du bon déroulement d'un match de foot. En 1997, des parieurs asiatiques ont soudoyé des techniciens de stades anglais pour qu'ils éteignent les projecteurs pendant le match. Pourquoi ? Parce que les sites asiatiques considèrent comme définitif le score au moment de l'interruption. En 2010, le Bahreïn l'emporte 3-0 contre le Togo. Ça tombe bien : c'était le pronostic du criminel singapourien Wilson Perumal Raj qui avait organisé le match et fait aligner une équipe d'amateurs togolais. La nouvelle affaire, que vient de communiquer Europol, a ceci de particulier qu'elle semble concerner aussi des rencontres de Ligue des champions et de Coupe du monde. On sait qu'il est plus prudent pour la mafia de truquer et de parier sur la D3 bulgare plutôt que sur des affiches médiatisées et donc très surveillées.