Saignée - Ils sont nombreux, les experts à avoir exprimé le vœu de multiplier davantage les investissements dans le domaine de l'agriculture vivrière. Ce vœu s'inscrivant dans la perspective de limiter la dépendance vis-à-vis de l'extérieur et, partant, assurer la souveraineté alimentaire nationale. Parmi les nombreuses raisons de l'agonie de cette forme d'agriculture : le détournement du foncier. Au prix de choix politiques orientés vers l'industrie, qui n'ont à ce jour, et c'est le moins que l'on puisse dire, pas particulièrement brillé par leurs résultats, des politiques urbaines mises en place à la hâte, mais aussi aux distributions népotiques des fameuses «communes islamiques» des années 90, ce sont des dizaines, voire des centaines de milliers d'hectares de terres fertiles qui ont été détournés de leur vocation agricole. Rien que pour le mois de décembre dernier, nous apprenions que près de 300 hectares de bonne terre agricole de l'ex-domaine Mansouri à Sétif avaient été ravagés par le bulldozer pour être livrés à l'extension urbaine. Ces terres, en partie irriguées, (près de 50 ha), produisaient du blé et de la pomme de terre et faisaient vivre quelques dizaines de familles. Pourtant, des experts de la région affirment que Sétif dispose de quelques milliers d'hectares en surface inculte ou de terres agricoles de 3e catégorie qui peuvent être destinées à l'urbanisation. Quelques centaines d'hectares se localisant à Chouf Lekdad, à l'ouest de la ville, de quoi réaliser une ville. À l'Est, dans la commune d'Ouled Saber, un immense territoire de rocaille et de terre maigre, est livré à la vaine pâture. Ce type d'exemples ne manque malheureusement pas. Souvenons-nous que c'est sur ce qui fut une magnifique plage de plus de 10 km, adossée à des terres agricoles des plus fertiles qu'il fut décidé, un jour, d'installer le complexe pétrochimique de Skikda. Dans les années 90 et au titre des APC «islamiques», on ne compte plus le nombre d'individus qui ont bénéficié de terres agricoles pour les revendre par la suite dans l'illégalité la plus totale. Durant l'année écoulée, un «agriculteur» d'Oran avait morcelé des terres agricoles, dont il avait «bénéficié», en plusieurs centaines de lots de construction et les avait bradés à de simples particuliers, qui ont profité de l'aubaine pour construire des logements. Ces simples exemples reflètent à eux seuls parfaitement la situation des terres agricoles algériennes. Quand on sait que sous d'autres cieux, les terres qui bordent les pistes d'atterrissage d'avions sont attribuées à des agriculteurs qui y cultivent des céréales, on reste sans voix.