Constat - Le modèle de gestion de la recherche et des idées innovantes reste obsolète dissuadant toute velléité d'innovation chez les plus obstinés. Pour assurer l'efficience et la stabilité à nos chercheurs et inventeurs, l'Etat doit prendre d'autres mesures à même d'assurer le soutien financier aux initiatives privées. La politique du rendement maximal pour un investissement minimal n'encourage pas les compétences. Pis encore, elle constitue un argument de plus pour la fuite de nos cerveaux à l'étranger. Chez nous, le monde de la création a un goût d' inachevé. La simple mise en œuvre d'un projet constitue un réel casse-tête pour l'inventeur qui, de surcroît, voit son exploration sous- estimée par les autorités concernées. Les rapports entre les créateurs et les différentes institutions de l'Etat demeurent très tendus, d'autant que l'invention n'est pas forcément l'œuvre des diplômés universitaires. Beaucoup sont à la base de simples bricoleurs qui sont devenus inventeurs à force de retoucher des pièces et de faire adapter des accessoires. Des grands créatifs qui ne demandent qu'à faire profiter le pays de leurs inventions sur le plan industriel notamment. C'est un potentiel créatif indépendant et passionné qui, livré à lui-même, finit souvent par baisser les bras. Pour les plus récalcitrants, l'invention est synonyme de sacrifice. Quand on sait que l'investissement le moins coûteux tourne autour de 50 000 dinars puisés, le plus souvent, dans le revenu mensuel de l'inventeur, il y a de quoi désespérer. Leurs projets pourtant innovants suscitent rarement l'intérêt de nos entreprises nationales. Figées dans le temps, celles-ci refusent toute prise de risque préférant le «made in China», moins cher et disponible. Il n'est donc pas étonnant que beaucoup de projets s'arrêtent à la phase d'étude initiale faute d'accompagnement financier, administratif et de partenaires économiques. Ces derniers qui devraient être les premiers à réagir à tout projet innovant, demeurent inflexibles même pour la réalisation des prototypes conformes à leur activité industrielle. Confiner la création à son aspect théorique amène à se demander si les pouvoirs publics ont réellement conscience de l'intérêt de l'invention comme axe stratégique au développement du pays. Tel est le paradoxe algérien : Des lois de protection de la propriété intellectuelle que les autorités n'hésitent pas à élaborer en grand nombre, mais dont la concrétisation reste incertaine. En 1993, l'Algérie a décidé de rétablir le brevet d'invention et remplacer le décret législatif du Haut Conseil d'Etat (HCE) par une ordonnance conformément à la nouvelle législation. Le rétablissement du brevet, ce «sésame» qui permet à tout inventeur de se frayer un chemin dans le monde de la création, est corroboré par un discours officiel à la limite du populisme. On parle et on annonce des enveloppes colossales pour la recherche sans aucun accompagnement de nature à valoriser l'inventeur et à mettre un terme à la fuite des cerveaux estimés à plus de 28 000 installés à l'étranger.