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L'amant de palier
Histoires vraies
Publié dans Info Soir le 06 - 04 - 2013

Le médecin légiste est un petit homme nerveux au regard vif. Il parle avec volubilité en agitant ses longues mains blanches :
«Je vais vous expliquer, commissaire, c'est simple, imaginez que vous sautez volontairement par cette fenêtre. Vous êtes vivant, votre corps suit une certaine trajectoire légèrement en arc de cercle jusqu'au point de chute. En revanche, si vous êtes mort organiquement et que quelqu'un vous hisse péniblement par cette même fenêtre, votre corps va tomber à la verticale ! Le point de chute n'est pas le même. Dans le premier cas, vous atterrissez quasiment au bord du trottoir, dans le second vous vous aplatissez quasiment le long du mur.
— Quasiment ?
— Quasiment !»
Quasiment étant le mot favori du petit médecin légiste, le commissaire a voulu plaisanter, mais son interlocuteur est bien trop pris par son sujet pour y prêter attention. Il poursuit sa démonstration en entraînant le commissaire dans l'ascenseur.
«Je vais vous indiquer précisément les deux points de chute possibles, vous me direz où vous avez découvert le corps.»
Sur le trottoir d'une petite ville de l'est de la France, dans un quartier industriel gris et triste, le petit homme dessine à la craie deux croix que la pluie efface aussitôt, mais le doute n'est pas possible pour le policier.
«Il est tombé à trente centimètres du mur. L'homme qui l'a découvert a même dit qu'il avait l'air de dormir et qu'il l'avait pris pour un ivrogne.
— Donc, il était quasiment mort avant de tomber ! J'en étais sûr, quasiment sûr...
— Avez-vous trouvé autre chose ?
— Un coup derrière la tête, qui n'a rien à voir avec la chute : instrument contondant, et puis autre chose, ce malheureux venait tout juste de faire un casse-croûte, je peux même vous dire qu'il venait d'avaler de la charcuterie, du fromage et du café même pas un quart d'heure avant ! J'ai rarement rencontré dans ma carrière un suicidé qui s'offre un casse-croûte juste avant de passer par la fenêtre. Alcool, drogue, médicaments, café à la rigueur, mais du fromage et du saucisson, c'est quasiment du jamais vu !
— Conclusion : ce n'est pas un suicide ?
— J'en mettrais quasiment ma tête à couper.»
Sur cette affirmation, le commissaire contemple pensivement la fenêtre du troisième étage. Il revoit la veuve, Jeanne Roux, quarante ans, visage calme et regard triste, lui montrer cette fenêtre de l'intérieur de l'appartement et lui dire :
«Il s'est jeté de là quelques minutes avant qu'on le trouve dans la rue. J'étais dans la chambre, je n'ai rien vu mais, quand je suis revenue, la fenêtre était ouverte et j'ai eu comme un pressentiment. Il était très déprimé, ces derniers temps.»
Des larmes au fond des yeux, un chagrin digne, au milieu de ses casseroles, Jeanne Roux, en petite robe de laine, était la ménagère classique d'un couple sans histoires, sans richesse et sans gaieté. L'image d'une femme expliquant avec dignité le geste tragique d'un mari désespéré.
Le commissaire l'avait crue a priori. Il y a des gens comme ça, tellement normaux et banals que l'on n'imagine pas leur tête comme celle d'un criminel.
Jeanne Roux en est à sa deuxième déposition. Même robe de laine sans couleur, emmitouflée dans un manteau noir, elle triture une mèche de cheveux châtains derrière son oreille et ne regarde pas le commissaire en face.
«Vous m'avez dit que votre mari était rentré à six heures du matin, d'où venait-il ?
A suivre
Pierre Bellemare


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