Image - C'est hier que s'est ouverte la 8e édition du Festival international du film oriental de Genève. Au programme de ce festival qui se poursuivra jusqu'au 21 avril, 90 films, tous genres confondus, dont quelque 30 seront en compétition, et 40 invités en provenance de plus de 20 pays. Le public suisse est invité donc à découvrir la cinématographie arabe. D'où la question : quel regard a-t-on sur le cinéma arabe ? En d'autres termes, porte-t-on un intérêt au cinéma arabe ? «Le public est réceptif à cette cinématographie», dira Tahar Houchi, directeur artistique du Festival, et de renchérir : «Le public suisse est curieux. Loin des clichés de pays de banques, le Suisse est sensible aux problèmes des autres pays. Il n'est pas vain de rappeler le rôle déterminant joué par ce petit pays dans le processus de libération de l'Algérie.» Selon lui, le spectateur suisse est intéressé par ce qui se passe ailleurs. «La confédération et les cantons suisses ont une politique de coopération volontaire dans beaucoup de pays d'Orient dont l'Algérie. C'est devenu une tradition. Ils subventionnent plusieurs projets dans les pays du Sud et soutiennent des initiatives visant au développement. Le spectateur à travers les films, cherche à comprendre, sentir et éventuellement aider», explique-t-il. Tahar Houchi estime que le Festival international du film oriental de Genève est «un acte intellectuel, certes, mais aussi un geste de solidarité envers les cinéastes».A la question de savoir quelle place occupe le cinéma arabe dans l'ensemble de la cinématographie suisse – et, par extension, européenne –, Tahar Houchi répondra : «Dans l'ensemble, le cinéma des pays du Sud trouve du mal à s'imposer sur les écrans européens. Cela pour la simple raison qu'il n'est pas commercial, et essentiellement engagé. Il est porteur d'un message.» Tahar Houchi souligne que «le Festival qui, par sa dénomination, désigne une orientation géographique, même si le terme peut contenir des malentendus, veut repenser l'Orient dans sa diversité.» Et d'expliquer : «Il s'inscrit dans la critique de l'idéologie, selon la tradition de Louis Althusser, et non pas de la reproduction de cette dernière. Le Festival s'intéresse aux cinémas d'Orient dans leur diversité : iranien, amazigh, kurdes, arabes... Notre public voudrait bien comprendre les différences entre ces mots qui renferment des réalités différentes. Il en fait une consommation intelligente et consciente. Il s'éloigne des conceptions globalisantes et déformatrices. Ainsi dans notre graphisme, on évite les clichés tels que le palmier, le chameau, etc. On veut s'inscrire dans la modernité qui caractérise les pays d'Orient. Ainsi l'affiche de cette année est teintée d'une touche arménienne.» - Le Festival se veut une fenêtre sur l'Orient qui permet au public suisse de suivre les dernières évolutions cinématographiques qui sont d'ailleurs indissociables des bouleversements sociopolitiques. C'est aussi un espace de débat, un moment de rapprochement et de partage. D'où la question : est-ce que le cinéma est apte à instaurer un moment de dialogue et de partage ?«Indéniablement, oui», affirme Tahar Houchi, et d'insister : «Les gens se parlent ouvertement et apprennent à se connaître et à vivre ensemble. Il s'agit d'apprivoiser les peurs des uns et des autres et de s'éloigner des clichés. Forcement cela aide à apaiser les tensions. L'art en général contribue à la transformation des mentalités et au rapprochement des personnes. Plus que cela, Il y a même des personnes qui ont décidé de chercher leurs origines algériennes. Ils ont renoué avec leur famille et commencé à monter des projets en Algérie.»