Préjugé - Il est vrai que selon l'idée reçue, l'Algérien ne rit pas ou rarement, il affiche une mine renfrognée, il est toujours râleur. Mais cet avis ne fait pas l'unanimité. Mahboub Racim, gérant de BroShig events, organisateur de «Algé'rire», premier festival du rire qui a eu lieu, du 30 avril au 3 mai, à Alger, soutient fermement l'idée que l'Algérien rit et, de surcroît, possède un sens de l'humour particulier. «Pas du tout, au contraire, je pense que l'Algérien rit beaucoup, il rit de lui-même déjà, il rit de ce qui l'entoure, il n'y a qu'à voir le dialecte algérien, ces petits mots, ces petites phrases qui le composent, il est plein d'humour, truffé de dérision ; l'Algérien rit beaucoup, il cherche toujours à trouver de nouvelles choses pour encore rire plus», estime-t-il. Cet avis va alors à l'encontre du stéréotype usuel que l'Algérien ne rit pas et, en même temps, il contredit l'idée que ce dernier n'est pas de tempérament à plaisanter et à blaguer. «Je dirais que l'Algérien est très spécial», souligne Mahboub Racim, pour qui «la première qualité des Algériens, c'est bien qu'ils adorent rigoler, blaguer». «Moi qui ai fait le tour du monde, je dirai que l'Algérien a un caractère spécial dans le sens positif, et c'est une énergie qu'on peut exploiter, car elle peut donner beaucoup de choses et dans plusieurs domaines, pas seulement dans le rire.» L'Algérien rit, il rit beaucoup même. D'où cette question : ce dernier a-t-il le sens de l'humour ? «Beaucoup», répond Mahboub Racim, et de renchérir : «Il n'y a qu'à voir ce qui sort dans les réseaux sociaux : les blagues, les petites vannes, les dessins ; il n'y a qu'à voir aussi dans les discussions, dans le quotidien. Je pense que l'Algérien non seulement rit, mais il a beaucoup d'humour, même s'il peut être, parfois, très extrême dans son humour.»L'Algérien est, en outre, réceptif à l'humour des autres. «Il n'y avait qu'à voir lors de ‘'Algé'rire'', le public a chaleureusement accueilli les humoristes internationaux. Ils étaient nombreux à assister à leur show. Le public s'est montré attentif, très réceptif aux blagues et aux vannes. Il a assimilé les blagues les plus subtiles, et dans d'autres cultures. C'est pour dire, à coup sûr, que l'Algérien a vraiment le sens de l'humour et aime, en conséquence, rire, voire beaucoup rire. C'est d'ailleurs dans sa nature. En plus, il ne faut pas oublier qu'il est Méditerranéen, et le Méditerranéen est connu pour sa bonne humeur.» Du rire, de l'humour, d'où l'autre question : a-t-on une culture du rire ? « Non, elle n'existe pas par rapport à la culture elle-même », regrette-t-il, et de poursuivre : «Il faut savoir que la culture ça se préserve, ça se construit, malheureusement, les théâtres sont vides ou bien fermés ou mal exploités. Aujourd'hui, notre culture du rire n'est pas pleinement exploitée. Cela est dû peut-être à la décennie noire, ces années de malheur qu'e nous avons connues. Il y a plein de graines d'humoristes, sauf qu'il leur faut une plateforme. On peut faire beaucoup de choses pour l'humour algérien si les organismes et les producteurs y mettent un petit peu d'eux-mêmes.» - Si l'on compare effectivement les deux générations, l'ancienne et la nouvelle, la différence est frappante, évidente ; celle d'aujourd'hui contraste avec celle d'hier. Les acteurs et actrices d'avant savaient faire de l'humour ; ils étaient professionnels ; ils avaient l'art de l'improvisation, donc de créer naturellement des situations comiques ; à eux seuls, ils incarnaient le comique, voire l'humour et dans leur physique et dans leur manière de parler et dans leur attitude ; ils composaient la moitié du scénario. En revanche, les nouveaux comédiens sont loin d'avoir toutes ces propriétés. Ainsi, les deux générations n'ont rien à voir l'une avec l'autre et pour cause, il n'y a pas eu de continuité ; la nouvelle génération ne descend pas de l'ancienne, elle n'est pas l'héritière de cet humour transmis, développé d'une génération à l'autre ; il n'y pas eu de relève ; et s'il n'y a pas eu de continuité, c'est parce qu'il y a eu, dans les années 1990, rupture ; ces nouveaux comédiens sont issus des années 2000, ces années qui ne constituent pas une suite de ces décennies passées où l'expérience, l'art et le savoir-faire se transmettaient de maîtres à disciples, où le travail était, à chaque génération, cultivé, peaufiné, développé, davantage professionnalisé.